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Police-Justice

Négociations secrètes pour réconcilier la famille Bettencourt

Les avocats Didier Martin (à gauche), qui représente Françoise Bettencourt-Meyers, et Pascal Wilhelm, qui représente Liliane Bettencourt. Trois semaines de négociations secrètes entre ces deux avocats ont permis la signature, lundi, d'un accord scellant u

Les avocats Didier Martin (à gauche), qui représente Françoise Bettencourt-Meyers, et Pascal Wilhelm, qui représente Liliane Bettencourt. Trois semaines de négociations secrètes entre ces deux avocats ont permis la signature, lundi, d'un accord scellant u - -

PARIS (Reuters) - Trois semaines de négociations secrètes entre avocats ont permis la signature, lundi, d'un accord scellant une réconciliation...

PARIS (Reuters) - Trois semaines de négociations secrètes entre avocats ont permis la signature, lundi, d'un accord scellant une réconciliation entre l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt et sa fille Françoise.

Après plusieurs mois de bataille judiciaire et médiatique acharnée, la mise à l'écart de ténors du barreau au profit d'avocats plus spécialisés dans le monde des affaires a permis aux deux femmes de trouver un terrain d'entente.

L'accord se traduit notamment par une volonté "d'expression collective" de la famille au sein du groupe de cosmétiques et la "montée en puissance des générations futures", selon les deux avocats ayant oeuvré au rapprochement.

"L'esprit de l'accord c'est de reprendre une vie de famille normale et il n'y aura pas de mise en scène", a déclaré Pascal Wilhelm, avocat de Liliane Bettencourt, aux agences de presse. "Elles sont vues aujourd'hui ou elles se verront avant la fin de la journée", a-t-il ajouté.

Liliane Bettencourt, 88 ans, restera ainsi, si elle le souhaite, présidente de la holding Tethys, qui représente la famille Bettencourt dans L'Oréal. L'époux de Françoise Meyers, Jean-Pierre Meyers, en devient le directeur général et leurs deux enfants entrent dans le conseil de surveillance.

Parallèlement, Patrice de Maistre, 62 ans, dont le rôle était contesté par la fille de Liliane Bettencourt, cessera d'être gestionnaire de fortune de la milliardaire fin 2010.

Françoise Meyers-Bettencourt a renoncé à mettre sa mère sous tutelle avec l'abandon des procédures entamées pour abus de faiblesse à l'encontre notamment de François Marie-Banier, qui a reçu des dons d'un milliard d'euros de la milliardaire.

"ENTOURAGE RÉORGANISÉ"

Les deux femmes n'ont pas voulu mettre en scène leur rapprochement, mais celui-ci se concrétisera dans leur implication commune dans la fondation Bettencourt, qui vise à accompagner des projets médicaux, culturels et humanitaires.

"C'est un point emblématique, leur volonté de travailler ensemble dans la fondation qui porte leur nom", souligne Pascal Wilhelm.

Me Didier Martin, défenseur de Françoise Meyers-Bettencourt, insiste sur le fait que c'est la volonté de réconciliation de la mère et de la fille, loin du tumulte médiatique, qui a abouti à cet accord et non l'inverse.

"C'est le résultat de discussions à cercle fermé. Pour que ça puisse se faire, il fallait maintenir un secret assez exceptionnel", souligne Me Wilhelm.

Prié de dire comment l'idée de ce rapprochement a germé, Me Martin répond: "Lorsqu'une mère et une fille sont dans un tumulte pareil, on ne peut pas imaginer un seul instant que ce soit sans souffrance de part et d'autre. Il y avait beaucoup d'émotion et une volonté de se retrouver".

L'accord permet à Liliane Bettencourt, menacée d'une mise sous tutelle, de conserver sa pleine liberté.

En échange, la milliardaire va "réorganiser son entourage", de façon à préserver la nouvelle harmonie familiale.

Selon les deux avocats, l'accord ne prévoit pas explicitement la mise à l'écart de François-Marie Banier. Mais comme elle l'avait déjà annoncé dans des interviews, Liliane Bettencourt fera en sorte de prendre ses distances avec le photographe.

"Il faut que les choses soient claires, l'accord ne crée pas d'interdiction pour Liliane Bettencourt", souligne Pascal Wilhelm. Le fait de s'éloigner de François-Marie Banier, "c'est une volonté, ce n'est pas un contrat".

L'accord ne prévoit pas de dispositions particulières pour le personnel de la milliardaire, qui a été déchiré en deux camps, celui de la mère et celui de la fille.

Pour Didier Martin, à partir du moment où il n'y a plus de sujet de discorde, "ces problèmes deviennent secondaires".

L'abandon de l'ensemble des poursuites pour abus de faiblesse vise à éviter que "des procédures périphériques" ne viennent perturber le nouveau climat familial.

"Il fallait passer par la table rase", explique Didier Martin.

Ainsi, les avocats considèrent-ils que la procédure de mise sous tutelle de Liliane Bettencourt "n'a plus de raison d'être".

Même si les enquêtes judiciaires restent ouvertes, les juges et le parquet "ne pourront pas ne pas voir les dossiers à l'aune de la nouvelle situation", en particulier pour François-Marie Banier, ajoutent les avocats.

"Le ministère public n'est pas aveugle et sourd. Il tiendra compte des efforts" des uns et des autres, dit Me Martin.

Gérard Bon, édité par Yves Clarisse