BFMTV
Police-Justice

Mort du petit Tony, battu par son beau-père: le voisin relaxé une nouvelle fois en appel

Un homme lors d'une marche blanche en hommage à Tony, ce petit garçon de 3 ans mort sous les coups de son beau-père en 2016 à Reims.

Un homme lors d'une marche blanche en hommage à Tony, ce petit garçon de 3 ans mort sous les coups de son beau-père en 2016 à Reims. - FRANCOIS NASCIMBENI

En première instance, le voisin de ce petit garçon mort après avoir subi des sévices répétés a été relaxé des faits de "non dénonciation de mauvais traitements".

Il a été le témoin auditif pendant plusieurs semaines des violences subies par Tony, un petit garçon de trois ans, mort le 26 octobre 2016 après avoir reçu de multiples coups dans l'appartement familial de Reims. Jonathan L., le voisin de la mère et du beau-père du petit garçon, a été relaxé par la cour d'appel de Haute-Marne des faits de "non-dénonciation de mauvais traitements sur personne vulnérable", a appris BFMTV.com ce mercredi auprès de l'avocate de ce dernier.

"C'est une décision extrêmement satisfaisante, on l'espérait donc c'est un soulagement", a fait savoir Me Ludivine Braconnier, estimant que "linfraction n'était pas caractérisée".

En première instance, le juge du tribunal correctionnel de Reims avait déjà relaxé cet homme de 34 ans, reconnu comme travailleur handicapé, et sans antécédent judiciaire. Si les motivations de ce jugement n'ont pas été rendues publiques, la justice avait considéré au cours de ce procès en octobre 2019, que "tout le monde avait entendu hurler Tony, à un moment ou à un autre".

"Tout le monde avait entendu"

Pendant cinq semaines, qui se sont achevées par la mort tragique de Tony, à la suite d'une rupture de la rate et du pancréas, le petit garçon de trois ans a reçu des coups violents quotidiennement. Du sang avait été découvert partout dans l'appartement, preuve de ces violences qui se sont intensifiées les derniers jours avant la mort du petit garçon. Dans cet immeuble, place des Argonautes dans le quartier des Châtillons à Reims, les voisins ont entendu ces sévices.

"Le matin, il frappait le petit parce qu'il avait fait pipi au lit. Il mettait son visage dedans. Je suis sous le choc. On est tous responsables. Je n'aurais pas pu faire grand-chose mais on aurait dû faire plus", avait témoigné en 2016 Jonathan L., exprimant ses regrets.

Lors de son procès devant le tribunal correctionnel de Reims, le trentenaire avait assuré avoir parlé de la situation au bailleur. "Il y avait eu une intervention policière le lendemain, et les violences s'étaient tues", rappelle Me Braconnier. Par ailleurs, il avait exprimé sa crainte des représailles notamment envers sa compagne, malade, et décédée depuis d'un cancer. Cette dernière avait à l'époque affiché une pancarte pour sensibiliser aux violences faites aux femmes, mais aussi aux enfants. "Mon client a fait ce qu'il pensait devoir faire, poursuit l'avocate. Il n'avait pas une connaissance exacte de ce qu'il se passait dans ce huis-clos familial."

"Je me rends compte qu'il y a une justice, quand même. Je suis soulagé. Pourquoi moi, spécialement? J'ai fait quelques démarches, mais ce n'était pas les bonnes. J'ai fait ce que j'ai pu, ce que j'ai cru devoir faire", s'était félicité Jonathan L. sur RMC.   

Le parquet avait fait appel

Le procureur de la République de Reims avait requis une condamnation, avec dispense de peine. Pour le représentant du parquet, "celui qui se tait n'est pas le complice du bourreau qui frappe" mais "l'indifférence coupable elle, est une faute". Le parquet avait alors fait appel de cette décision, entraînant la tenue de ce procès en appel le 25 novembre dernier.

Le beau-père de Tony, Loïc Vantal, sera jugé à partir du 1er février prochain par la cour d'assises de la Marne. Ce procès devait se tenir en février dernier mais avait été renvoyé en raison de la grève des avocats. Le beau-père du petit garçon est poursuivi pour "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité". Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. La mère de l'enfant, Caroline Létoile, va être jugée pour "non-assistance à personne en péril". Elle risque cinq ans d'emprisonnement.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV