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Police-Justice

Mort du petit Bastien: la vie broyée de sa soeur racontée au procès

Les parents de Bastien, mort enfermé dans une machine à laver, ont tenté de justifier leurs actes devant la cour d'assises de Seine-et-Marne.

Les parents de Bastien, mort enfermé dans une machine à laver, ont tenté de justifier leurs actes devant la cour d'assises de Seine-et-Marne. - AFP - Benoit Peyrucq

En 2011, Marie (*) a assisté à la mort de son petit frère Bastien, qui aurait été mis de force par son père dans un lave-linge en marche. A la barre, des témoins racontent la souffrance de cette enfant, âgée aujourd'hui de 9 ans.

C'est avec un courage immense qu'au soir de la découverte du petit Bastien, Marie, 4 ans à l'époque, déclare au médecin qui l'ausculte et aux enquêtrices qui la rencontrent: "Papa a mis Bastien dans la machine à laver, car il fait des bêtises à l'école." Elle maintiendra cette version durant toute l'enquête.

Ses parents sont jugés depuis mardi devant la cour d'assises de Seine-et-Marne. Christophe Champenois est accusé d'avoir son tué son fils, Bastien. Charlène Cotte, la mère, est poursuivie pour complicité de meurtre.

Jeudi, une responsable de l'Aide sociale à l'Enfance est venue témoigner à la barre de ce qu'a traversé Marie depuis le drame. "Le traumatisme grave et majeur qu'elle a subi est toujours présent", raconte-t-elle. Peu après les faits, la petite a été placée dans une famille d'accueil, avec trois enfants. "Beaucoup de difficultés, de troubles alimentaires, de vomissements sans cause", raconte la responsable sociale, dans des propos rapportés par des journalistes judiciaires présents à l'audience.

"Elle avait beaucoup tendance à détruire"

Marie, témoin des maltraitances subies quotidiennement par son frère qui n'était pas désiré, a développé un comportement particulier en famille d'accueil. "Elle avait beaucoup tendance à détruire, casser les jouets. Elle était dure avec les autres enfants, elle les frappait", témoigne la responsable.

A la psychologue qui l'a suivie, la fillette a montré combien la notion de sanction était floue dans sa tête, racontant notamment que même lorsque c'était elle qui faisait une bêtise, c'était son petit frère qui était puni. La responsable sociale confie également que pendant longtemps, Marie a eu "un ami imaginaire, un poupon qu'elle appelait Bastien."

"Bientôt, il n'y aura plus personne dans ma famille"

A deux reprises, accompagné par des responsables de l'Aide sociale à l'Enfance, Marie s'est rendue sur la tombe de son petit frère. "Elle a beaucoup pleuré. Elle a compris où était son frère, cela a concrétisé sa disparition", raconte un autre assistant social à la barre, bouleversé.

Quand son grand-père est décédé l'an dernier, Marie s'est montrée de nouveau très affectée. "Bientôt, il n'y aura plus personne dans ma famille", a-t-elle confié à des éducateurs, jetant une autre lumière crue sur ce drame.

Son avocate, qui a plaidé à la barre vendredi, l'a décrite comme une "victime vivante": "Aujourd'hui, pour Marie, il y a de l'espoir. Mais sans ses parents biologiques". Ces derniers sont restés silencieux, tête baissée.

(*) prénom modifié.

Alexandra Gonzalez