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Police-Justice

Montigny-lès-Metz: le témoin surprise Heaulme est-il crédible?

Francis Heaulme en 2006, pendant la reconstitution du drame de Montigny-lès-Metz.

Francis Heaulme en 2006, pendant la reconstitution du drame de Montigny-lès-Metz. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

A quelques jours du procès de Francis Heaulme, accusé du double meurtre de Montigny-lès-Metz, un nouveau témoin affirme avoir vu un homme courir sur les voies. Il aurait vu Henri Leclaire.

Une poignée de jours avant l'ouverture du procès du tueur en série Francis Heaulme, accusé du double meurtre de Montigny-lès-Metz, un nouveau témoin a été ajouté à la liste, selon une information de France Bleu Lorraine, confirmée par nos sources. Un ancien conducteur de la SNCF s'est manifesté auprès de la justice, 28 ans après le double meurtre.

De service le jour du crime, le 28 septembre 1986, ce nouveau témoin raconte avoir vu depuis sa locomotive un homme, courant le long des voies ferrées avec un t-shirt taché de sang. Cet individu serait Henri Leclaire, le premier suspect interpellé dans l'affaire qui avait ensuite bénéficié d'un non-lieu en 2013. Il est cité en tant que témoin assisté au procès de Francis Heaulme et devait être entendu le 8 avril par la cour.

Le témoin aurait réalisé cette ressemblance, "à 90%", entre l'homme aperçu le long des voies le jour du crime et Henri Leclaire en regardant des émissions de télévision consacrées à l'affaire. Ses propos confortent ainsi la thèse de Francis Heaulme, déjà condamné à la prison à perpétuité pour neuf meurtres, mais qui se dit innocent dans cette affaire et pour qui le véritable coupable serait Henri Leclaire.

Sa crédibilité "est nulle" selon l'avocat d'Henri Leclaire

L'avocat d'Henri Leclaire se montre plus que sceptique. "La crédibilité d'un témoin comme celui-ci est nulle. On ne voit pas comment on peut accorder une crébilité à quelqu'un qui se serait tu au lendemain du jour où on a découvert des enfants à Montigny-lès-Metz, qui se serait également tu lorsqu'on a condamné Patrick Dils, un mineur à l'époque, à la perpétuité", a déclaré Me Thomas Hellenbrand.

"Mon client bénéficie comme tout citoyen de la présomption d'innocence, que je trouve gravement entachée. On écoutera avec attention ce témoin et s'il y a lieu, on le poursuivra, comme on engagera des poursuites contre tous ceux qui propageront la rumeur", a prévenu le pénaliste, qui n'a pas encore eu son client au téléphone.

"Je vais le rassurer. C'est peu sérieux, risible même. Ca me semble peu inquiétant pour lui", a-t-il dit, estimant par ailleurs que cette affaire a "en grande partie cassé la vie" de son client, âgé aujourd'hui d'une soixantaine d'années et vivant toujours à Montigny-lès-Metz. "Il attend avec impatience que tout cela se termine", a poursuivi l'avocat.

Chronologie d'un marathon judiciaire

• Le 28 septembre 1986, les corps de Cyril Beining et Alexandre Beckrich, deux garçons de huit ans, sont découverts à Montigny-lès-Metz, en Moselle, le crâne fracassé à coups de pierres sur le talus longeant une voie ferrée.

• Le 28 avril, Patrick Dils, un adolescent introverti de 16 ans habitant à proximité de l'endroit du crime, est arrêté. Deux jours plus tard, il passe des aveux "circonstanciés". Il est inculpé d'homicides volontaires et écroué, avant de se rétracter.

• Le 27 janvier 1989, Patrick Dils est condamné à la réclusion à perpétuité par la cour d'assises des mineurs de la Moselle. Son pourvoi en cassation sera rejeté.

• Le 24 avril 2002, un rapport d'enquêteurs déclare que le crime de Montigny-lès-Metz porte la "quasi-signature criminelle" de Francis Heaulme. Le 24 avril de la même année, Patrick Dils est acquitté et libéré après 15 ans de prison.

• En 2006, Francis Heaulme, déjà condamné pour neuf meurtres, est mis en examen dans cette affaire, mais il bénéficie d'un non-lieu l'année suivante, faute de charges estimées suffisantes. Il est finalement renvoyé devant les assises de la Moselle, du fait de la ténacité de Gabrielle Beining, la mère de Cyril, la seule à faire appel de ce non-lieu, et après une nouvelle instruction retenant de nouveaux éléments à charge contre lui.

L. B. avec Pauline Revenaz