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Police-Justice

Mohamed Merah était considéré comme une "menace directe"

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Les documents déclassifiés transmis la semaine dernière à la justice montrent que Mohamed Merah constituait une "cible privilégiée" des services de renseignement français qui le suivaient depuis 2009.

Les documents déclassifiés transmis la semaine dernière à la justice montrent que Mohamed Merah constituait une "cible privilégiée" des services de renseignement français qui le suivaient depuis 2009. Ce rapport contredit la thèse du "loup solitaire" soutenue par Bernard Squarcini, l'ancien patron de la Direction centrale du renseignement (DCRI), après les tueries de Montauban et Toulouse, écrit jeudi Le Parisien qui a révélé l'information. Plusieurs responsables policiers avaient assuré après les meurtres de mars dernier que le "tueur au scooter" s'était "auto-radicalisé."

Son profil d'islamiste radical connu en 2011

Mais les 23 pages du rapport détaillent la proximité de Mohamed Merah à la fois avec son frère Abdelkader et avec des islamistes radicaux toulousains condamnés en 2009 pour avoir développé une filière de candidats au djihad. Le jeune homme, sorti de prison en août 2009 pour une série de délits, figure par exemple dans la note de "suivi de la mouvance salafiste radicale toulousaine", ajoute Le Parisien. En novembre 2010, une nouvelle note le décrit comme "un membre d'une fratrie d'islamo-délinquants" et précise qu'il prend des cours de religion et de langue arabe, ce qui coïncide avec l'arrivée d'une "nouvelle génération d'islamistes toulousains."
Fin 2010, les voyages de Mohamed Merah en Afghanistan sont connus de la DCRI, qui rédige un compte rendu détaillé de son arrestation à Kandahar par la police locale. Ce voyage dans une ville considérée comme un bastion de djihadistes "doit nous interpeller", écrivent les services de renseignement, qui évoquent "un individu au lourd passé délinquant en phase de radicalisation". En 2011, un nouveau rapport ne fait plus mystère du profil d'islamiste radical de Mohamed Merah. Les enquêteurs de la DCRI anticipent même "un nouveau départ en octobre de Merah vers le Pakistan".

Une "menace directe"

Le jeune homme a effectivement effectué un voyage dans ce pays sans être inquiété. Ce n'est qu'à son retour, en novembre 2011, qu'il a été entendu par l'antenne locale de la DCRI à Toulouse, où il a reconnu s'être rendu au Pakistan et en Afghanistan. Le compte-rendu de l'entretien "ne fait étonnamment pas" partie des documents transmis à la justice et les enquêteurs n'évoquent pas les motifs touristiques alors invoqués par le jeune homme, souligne Le Parisien. Mais dans une note ultérieure, la DCRI considère que ces déplacements constituent une "menace directe car les jeunes djihadistes peuvent revenir avec pour instruction de conduire des actions armées". De fait, entre le 11 et le 22 mars, Mohamed Merah a tué Toulouse et Montauban trois militaires, ainsi que trois élèves et un père de famille dans une école juive. Le jeune homme s'est réclamé d'Al Qaïda lors de ses conversations téléphoniques avec les policiers qui parlementaient avec lui alors qu'il était retranché dans son logement, où il a été abattu en essayant de résister à l'assaut.

Les familles trouvent ces documents "insuffisants"

Des avocats de familles des victimes de Mohamed Merah ont jugé les documents de la DCRI déclassifiés "insuffisants" pour connaître toute la vérité et demandent la déclassification "des documents d'autres services" dont la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Des éléments du dossier laissent en effet penser que la DCRI disposait d'informations sur le "tueur au scooter" provenant de la DGSE, qui opère hors de France, ou de la Direction de la protection et de la Sécurité de la Défense (DPSD). Les avocats des familles voudraient également voir clarifier le rôle d'Abdelkader Merah, qui a été mis en examen et écroué pour complicité.

La Rédaction, avec Reuters