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Police-Justice

Mise en examen d'une femme soupçonnée de huit infanticides

L'entrée d'une maison de Villers-au-Tertre, près de Douai, dans le Nord, où des cadavres de nouveau-nés ont été découverts mardi. Une aide-soignante de 47 ans a été mise en examen pour "homicides volontaires de mineurs de moins de quinze ans" et le père,

L'entrée d'une maison de Villers-au-Tertre, près de Douai, dans le Nord, où des cadavres de nouveau-nés ont été découverts mardi. Une aide-soignante de 47 ans a été mise en examen pour "homicides volontaires de mineurs de moins de quinze ans" et le père, - -

par Pierre Savary DOUAI, Nord (Reuters) - Une aide-soignante de 47 ans est soupçonnée d'avoir tué huit de ses enfants à la naissance et d'avoir...

par Pierre Savary

DOUAI, Nord (Reuters) - Une aide-soignante de 47 ans est soupçonnée d'avoir tué huit de ses enfants à la naissance et d'avoir enterré ou dissimulé les corps dans ses deux résidences successives du village de Villers-au-Tertre (Nord), apprend-on de source judiciaire.

L'affaire pourrait être le plus grave dossier d'infanticide jamais mis au jour en France après celui de Céline Lesage, condamnée en mars dernier à 15 ans de réclusion pour un sextuple homicide, et celui de Véronique Courjault, sanctionnée de huit ans de prison pour un triple crime.

La suspecte du Nord a été mise en examen jeudi à Douai pour "homicides volontaires de mineurs de moins de quinze ans", a-t-on précisé de source judiciaire.

Le père, charpentier de profession, a été pour sa part mis en examen pour "non dénonciation de crimes et recel de cadavres", dit-on de même source.

Le parquet a demandé le placement en détention provisoire de la mère et la remise en liberté sous contrôle judiciaire du père. Le couple poursuivi a deux filles âgées d'une vingtaine d'années.

Le procureur de la République de Douai et les responsables de la gendarmerie devaient donner une conférence de presse à 14h00.

L'aide-soignante est décrite par son voisinage comme une personne de forte corpulence, ce qui pourrait expliquer qu'elle ait pu dissimuler ses grossesses.

Le maire du village, Patrick Mercier, a dit que l'homme était élu au conseil municipal. Il est décrit comme "ordinaire" par ses voisins.

"Il faisait son troisième mandat, c'est quelqu'un de respectable", a dit le maire à des journalistes jeudi.

LES PRÉCÉDENTS LESAGE ET COURJAULT

L'affaire a débuté le week-end dernier lorsque les nouveaux propriétaires de l'ancienne maison du couple ont décidé de faire des travaux dans leur jardin.

En creusant un trou pour planter un arbre, le nouvel occupant des lieux a trouvé un sac contenant des restes humains.

Il a prévenu la gendarmerie et les parents présumés, qui habitent à quelques centaines de mètres de leur ancienne résidence, ont été placés en garde à vue mardi matin.

La femme a dit en garde à vue avoir tué deux de ses enfants à leur naissance il y a une dizaine d'années puis a fait des déclarations similaires concernant six autres enfants.

Selon ses déclarations, les corps des six autres victimes n'avaient pas été enterrés mais dissimulés dans des sacs dans une cave de leur nouvelle maison. Mercredi, les enquêteurs aidés de chiens ont fouillé les deux maisons et mis au jour d'autres restes humains.

Les experts psychiatres ont examiné dans ces affaires d'infanticide la possibilité d'un "déni de grossesse", affection psychologique frappant des femmes refusant d'être enceintes et qui peut déboucher sur un homicide à la naissance.

Ce diagnostic a cependant le plus souvent été écarté ou jugé non déterminant et la responsabilité pénale des suspectes a été retenue.

Une femme de 38 ans, Céline Lesage, a ainsi été condamnée en mars dans la Manche à 15 ans de réclusion criminelle pour avoir tué six de ses bébés à leur naissance entre 2000 et 2007.

Dans une affaire similaire, Véronique Courjault, qui avait tué à leur naissance trois de ses enfants entre 1999 et 2003 et conservé deux corps au congélateur, a été condamnée en juin 2009 à huit ans de prison à Tours (Indre-et-Loire). Elle est sortie de prison en mai à la faveur d'une libération conditionnelle.

Dans ces deux affaires, les conjoints n'ont pas été jugés car il a été établi qu'ils avaient ignoré grossesses et homicides.

Avec Thierry Lévêque à Paris, édité par Sophie Louet