Michel Fourniret: les affaires qui restent en suspens après la mort du tueur en série

Michel Fourniret, surnommé "l'ogre des Ardennes", a été déclaré coupable en 2008 des meurtres de huit jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2018 et condamné deux fois à la perpétuité incompressible. Mort ce lundi à Paris, il était encore mis en examen dans le cadre de l'enquête sur la mort de quatre autres jeunes filles.

La mort du tueur en série Michel Fourniret, âgé de 79 ans, a réduit à néant les espoirs de plusieurs familles de disparues de le voir comparaître devant la justice. Le septuagénaire, qui purgeait déjà deux peines de prison à perpétuité pour le meurtre de huit jeunes femmes et filles, est mort lundi après-midi à la Pitié-Salpêtrière à Paris.

Sa mort survient donc avant la fin des investigations sur les disparitions d'Estelle Mouzin et de trois jeunes femmes entre 1988 et 2003. Mais ces enquêtes vont se poursuivre, avant un éventuel procès de son ex-femme et complice Monique Olivier. La juge d'instruction parisienne Sabine Khéris, elle, reste chargée de l'information judiciaire qui regroupe ces quatre dossiers et qui touche à sa fin.

Constatant sa santé et sa mémoire déclinante depuis deux années, les familles de ces victimes espéraient tout de même le voir comparaître aux assises. Elles comptaient sur la vérité de l'audience pour obtenir des réponses, tandis que les avocats du prévenu, eux, remettent en cause la fiabilité de ses aveux des deux dernières années, compte tenu de l'altération de ses facultés mentales. Malgré des dizaines d'heures d'interrogatoires de la juge Khéris, Michel Fourniret n'avait livré que des aveux partiels, alternant mensonges et fausses pistes.

· Où est enterré le corps d'Estelle Mouzin?

Le tueur en série a avoué en mars 2020 sa responsabilité dans la mort d'Estelle Mouzin, une fillette de 9 ans enlevée et tuée en 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne) devant la juge d'instruction parisienne Sabine Khéris, qui a repris les investigations en 2019.

Malgré ces aveux et des détails fournis par l'ex-épouse du tueur, Monique Olivier, le corps de la petite fille n'a toujours pas été retrouvé au cours des différentes séries de fouilles récentes qui ont été menées dans les Ardennes.

· Le corps de Marie-Angèle Domece jamais retrouvé

Michel Fourniret était aussi mis en examen dans les dossiers de Marie-Angèle Domece et Joanna Parrish, deux jeunes femmes dont l'une avait disparu et l'autre avait été tuée au début des années 90. En février 2018, le tueur en série était passé aux aveux, reconnaissant avoir "croisé la route" des deux jeunes femmes et les avoir tuées. "Il a fait des aveux circonstanciés et réitérés", avait alors estimé Didier Seban, l'avocat de la famille Parrish.

Le corps de Joanna Parrish, assistante d'anglais de nationalité britannique dans un lycée d'Auxerre, avait été retrouvé en mai 1990 à Moneteau, dans l'Yonne. La jeune femme était nue et l'autopsie avait révélé qu'elle avait été violée et battue avant sa mort. Marie-Angèle Domece était une jeune handicapée mentale, qui avait disparu le 8 juillet 1988 dans l'Yonne, à l'âge de 19 ans. Son corps n'a jamais été retrouvé. Michel Fourniret n'a pas été jugé pour ces deux meurtres.

· Des traces ADN liées à Lydie Logé découvertes

Depuis décembre 2020, Michel Fourniret était mis en examen pour "enlèvement et séquestration suivis de mort" dans le cadre de l'enquête sur la disparition de Lydie Logé, une jeune femme de 29 ans portée disparue en 1993 dans l'Orne, et dont le corps n'a jamais été retrouvé.

Alors que deux enquêtes, de 1994 à 1998 puis de 2004 à 2009, avaient abouti à des non-lieux, les investigations ont été relancées en 2018 après des rapprochements établis entre les traces ADN issues de composés organiques trouvés dans la camionnette de Michel Fourniret et l'ADN de la mère de Lydie Logé. Le tueur en série n'a pas été jugé non plus dans cette affaire.

· D'autres affaires non résolues

Michel Fourniret a d'abord été condamné à trois reprises en 1967, 1984 et 1987 pour une douzaine d'agressions sexuelles. Puis à sa sortie de prison en 1987, il s'installe avec Monique Olivier, sa troisième épouse, rencontrée en détention par petite annonce et dont il fait sa complice. Leur équipée s'achève en 2003, quand Michel Fourniret est arrêté en Belgique après un enlèvement raté.

En 2004 et 2005, Monique Olivier craque et révèle aux enquêteurs onze meurtres, dont sept commis entre 1987 et 2001. En 2008, Michel Fourniret est condamné à la perpétuité incompressible avant de l'être à nouveau dix ans plus tard en 2018 pour l'assassinat de Farida Hammiche, dont le corps n'a jamais été retrouvé. Selon ses propres aveux, il "devait chasser au moins deux vierges par an". Une obsession qui serait née du fait que sa première femme, qu'il pensait vierge, ne l'était pas au moment de leur mariage.

Par ailleurs, les enquêteurs planchent sur une série d'autres affaires non résolues dans lesquelles "l'Ogre des Ardennes" pourrait être impliqué, en analysant en particulier des traces ADN prélevées notamment sur un matelas saisi en 2003 dans la maison de la sœur défunte de Fourniret.

Jeanne Bulant avec AFP Journaliste BFMTV