Meurtre résolu grâce à une émission télé? La justice dément
Quatre ans plus tard, le meurtre de Jean Moritz, un commerçant artificier du Nord pourrait bientôt être résolu. L’enquête s’orientait vers un non-lieu, aucun suspect n’avait été arrêté depuis les faits. En 2011, cet homme avait été retrouvé dans son magasin incendié, le corps calciné. Mais la diffusion d'une émission, sur France 2, a relancé les investigations.
Rapidement les enquêteurs écartent le suicide ou la mauvaise manipulation de produits dangereux. Le corps porte en effet des traces de coups et Jean Moritz a eu la nuque brisée. Mais l’enquête piétine, personne n’a été mis en examen et la clôture du dossier semble proche.
Il y a un an pourtant, la préparation de l’émission de France 2 "Non Élucidé" semble relancer l’affaire. "Tout le monde s’est agité, puis il a eu le tournage et le buzz local. Cela a permis de remettre le dossier sur le haut de la pile", se satisfait dans le JDD Me Emmanuel Riglaire, l’avocat de la famille de Jean Moritz.
Le suspect placé sur écoute pendant le tournage
À cette époque, un nouveau juge d’instruction relance les investigations, en particulier la surveillance de Youssef T., dont la compagne entretenait une relation avec Jean Moritz au moment des faits. L’homme fait partie des suspects depuis le début mais assure avoir un alibi. D’après le JDD, au moment du tournage de l’émission il est de nouveau placé sur écoute et se serait confié par téléphone. "C’est assez classique de rebrancher des protagonistes sur écoute en amont de la diffusion d’une émission pour observer leur réaction", relève un ancien enquêteur dans l’hebdomadaire. Hasard? Quelques jours après la diffusion de l’émission en juin dernier, Youssef T., est arrêté et mis en examen.
Au parquet, on affirme pourtant que cette arrestation est une pure coïncidence avec la diffusion de l’émission. "Si j’avais été contacté j’aurais expliqué qu’il me semblait prématuré de réaliser cette émission sur une affaire qui était peut-être en voie d’être élucidée", regrette dans l'Obs François Pérain, procureur de Valenciennes. Il explique que l’alibi du suspect s’est effondré. Il affirmait avoir été en présence de plusieurs personnes le jour du meurtre qui ont toutes fini par démentir. "Cette mise en examen est justifiée par plusieurs éléments que je ne souhaite pas rendre publics dans leur intégralité" précise le procureur de Valenciennes.
"Ni des auxiliaires de justice, ni des justiciers"