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Police-Justice

Meurtre de Vanesa Campos en 2018 au bois de Boulogne: 9 hommes renvoyés aux assises

Marche d'hommage à Vanesa Campos en août 2018 au Bois de Boulogne

Marche d'hommage à Vanesa Campos en août 2018 au Bois de Boulogne - Lionel BONAVENTURE © 2019 AFP

Pour ce crime, qui avait mis en lumière les agressions récurrentes des prostituées en bordure de Paris en 2018, un juge d'instruction a ordonné que les trois principaux suspects soient jugés pour "meurtre en bande organisée".

Neuf hommes, dont trois sont accusés du meurtre en 2018 dans le bois de Boulogne de Vanesa Campos, une prostituée transgenre de 36 ans, sont renvoyés aux assises, a appris l'Agence France-Presse (AFP) ce lundi de source judiciaire, confirmant une information du Monde.

Dans la nuit du 16 au 17 août 2018, route du Pré Catelan, Vanesa Campos était retrouvée agonisante par ses "compañeras", près de son abri de fortune, quelques draps tendus dans un bosquet.

Vanesa Campos venait d'hurler leur cri d'alerte, "Chicas todas!" ("toutes les filles!"). Les prostituées sud-américaines avaient entendu trois détonations.

La préméditation non retenue

Pour ce crime, qui avait mis en lumière les agressions récurrentes des prostituées en bordure de Paris, un juge d'instruction a ordonné que les trois principaux suspects soient jugés pour "meurtre en bande organisée".

Le magistrat n'a pas suivi les réquisitions du parquet, qui retenait la préméditation et réclamait un procès pour "assassinats" contre ces trois hommes d'une vingtaine d'années: Mahmoud K., un Égyptien désigné comme l'auteur du tir mortel, ainsi que Ali A. et Karim I., accusés d'avoir porté des coups de couteau et de matraque.

Six autres hommes sont renvoyés pour "association de malfaiteurs en vue de la commission d'un crime". Un dixième suspect, mineur lors des faits, est renvoyé pour vol devant un tribunal pour enfants, a précisé la source judiciaire.

Un climat de "terreur"

Tous sont issus d'un groupe de jeunes hommes, essentiellement d'origine égyptienne, qui rapinaient depuis de longues semaines les clients des prostituées pendant les passes.

Ils entretenaient un climat de "terreur", selon les réquisitions du parquet, qui avait amené les sud-américaines à riposter et à engager un homme, "Takaré", pour se protéger.

Le soir du meurtre, les Égyptiens avaient organisé "une expédition punitive", selon l'accusation, armés de bombes lacrymogènes, d'un couteau, de tasers, voire de branches arrachées aux arbres. Ils détenaient aussi un revolver subtilisé une semaine plus tôt dans la voiture d'un policier alors qu'il se trouvait avec une prostituée.

La loi d'avril 2016 pointée du doigt

Le Strass (Syndicat du Travail sexuel) et l'association de défense des personnes transgenre Acceptess-T avaient incriminé la loi d'avril 2016 qui pénalise les clients des prostituées, obligeant celles-ci à s'isoler à l'écart de la police et à s'exposer davantage aux agressions.

Une lecture contestée par le Mouvement du Nid, abolitionniste, qui s'est porté partie civile: pour son avocate Lorraine Questiaux, ce meurtre n'est pas "la faute de la loi mais du mépris social dont ces personnes font l'objet".

F.B. avec AFP