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Police-Justice

Meurtre de Rose dans les Vosges: en quoi consiste la prise en charge en centre éducatif fermé?

Un adolescent de 15 ans a été mis en examen pour le meurtre de la petite Rose, 5 ans. Le suspect avait déjà été mis en examen pour une affaire précédente et pris en charge en centre éducatif fermé.

Une prise en charge spécifique. Mis en examen jeudi dans l'enquête sur la mort de la petite Rose, le suspect, âgé de 15 ans, avait déjà été mis en examen dans une affaire précédente et avait fait l'objet d'un suivi en centre éducatif fermé pendant un an. En quoi ce type d'établissement consiste-t-il?

Les centres éducatifs fermés sont "l’une des solutions de placement dont dispose la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) pour prendre en charge les mineurs en conflit avec la loi qui lui sont confiés", selon le ministère de la Justice.

Concrètement, ces établissements accueillent des adolescents de 13 à 18 ans "impliqués dans un parcours de délinquance" pour des faits de gravité diverse. L'objectif n'est pas de réprimer, mais d'abord d'éduquer et de réinsérer un jeune, comme pour le suspect du meurtre de Rose, âgé de 14 ans au moment où il rejoint l'établissement.

"Comprendre pourquoi il en est là"

"Les deux premiers mois sont une période d'observation, où le jeune est reçu en entretien", explique sur BFMTV Jacqueline Francisco, éducatrice à la Protection judiciaire de la jeunesse.

"Le centre éducatif fermé consiste d'abord à travailler sur l'histoire de cet adolescent, à l'aider à comprendre pourquoi il en est là aujourd'hui dans un lieu privatif de liberté après un passage à l'acte d'une gravité conséquente", indique-t-elle.

Ce travail peut s'avérer particulièrement difficile pour certains profils. "Il y a souvent une période de mutisme chez l'adolescent. Il faut pouvoir passer ce cap du mutisme pour pouvoir entrer en dialogue avec lui", précise l'éducatrice.

Un accompagnement pluri-disciplinaire

"Ensuite, il y a une période dite de construction de projet. Il y a par exemple une mise en scolarité", explique-t-elle. Des enseignants interviennent de fait dans de nombreux centres en raison de conventions avec l'Éducation nationale.

En plus des professeurs, de nombreux intervenants interviennent auprès des jeunes: animateurs sportifs spécialisés, intervenants associatifs, professionnels de santé, partenaires institutionnels (policiers, pompiers, etc.) pour réaliser des activités éducatives.

"C'est un travail qui est fait en pluri-disciplinarité en théorie. Dans la plupart des centres fermés malheureusement, il n'y pas forcément de personnel qualifié et formé", déplore Jacqueline Francisco.

"Pas une prison"

Ce type d'établissement a pour mission d'accompagner un jeune en vue d'une réinsertion. "C'est une mesure juste avant la prison pour mineurs", résume l'avocate pénaliste Florence Rouas sur BFMTV.

"C'est la solution qu'un juge trouve pour éviter qu'un jeune soit un trouble à l'ordre public et en même temps lui permettre de suivre une scolarité, d'être soigné", développe-t-elle.

"Ce n'est pas une prison", appuie Jean-Pierre Rosenczveig, ancien président du tribunal pour enfants de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. "On peut sortir (...). Le centre est fermé au sens où, si on en sort sans autorisation, on peut être incarcéré", explique-t-il.

"La loi a été respectée"

Le suspect passe un an dans ce centre, soit la durée maximale légale. Il fait ensuite l'objet d'un placement au domicile familial, à Rambervillers, sous contrôle judiciaire. Après l'annonce de la garde à vue du suspect, âgé de seulement 15 ans, les questions se multiplient sur son profil et son passé judiciaire, alors qu'il avait quitté le centre éducatif fermé en février dernier.

"On ne peut pas réduire ce drame à un dysfonctionnement", a affirmé sur notre plateau la secrétaire d'État chargée de l'Enfance Charlotte Caubel, assurant que "la loi a été respectée".

Choisissant de rester silencieux durant toute sa garde à vue, le suspect est désormais en détention provisoire. Âgé de moins de 16 ans, il encourt une peine de 20 ans de réclusion criminelle.

Juliette Desmonceaux