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Police-Justice

Meurtre de Marie-Jeanne Meyer: l'accusé n'exprime toujours aucun regret

En première instance, Anthony Draoui avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

En première instance, Anthony Draoui avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. - Pascal Guyot - AFP

Le procès en appel d'Anthony Draoui, le meurtrier présumé de la jeune joggeuse de 17 ans, s'est ouvert ce lundi devant la cour d'assises du Gard. Le corps de l'adolescente avait été retrouvé carbonisé en Ardèche en 2011.

Une voix morne, un regard fuyant, de nombreux rappels à l'ordre de la présidente mais, surtout, toujours cette absence de regrets. Ainsi s'est ouvert le procès en appel d'Anthony Draoui, accusé du meurtre en 2011 de Marie-Jeanne Meyer, une joggeuse de 17 ans, en Ardèche. Pour ce crime, il avait écopé de la peine maximale - 30 ans de réclusion criminelle - lors de son premier procès, devant la cour d'assises de l'Ardèche.

En première instance, il avait livré un timide "pardon" avant que la cour se retire pour délibérer. "Pendant le procès, on a dit que j'étais une ordure, un prédateur, un monstre hirsute", avait-il plaidé. "Je m'en veux terriblement". Aujourd'hui âgé de 23 ans, Anthony Draoui, vêtu d'un t-shirt noir et d'un pantalon de jogging gris, est apparu métamorphosé, en apparence seulement. Si le jeune homme a perdu 20 kilos en prison, il n'a pas su expliquer pourquoi il a fait appel. Encore moins exprimer des regrets.

Corps démembré et calciné

Le 18 juin 2011, Marie-Jeanne était partie faire son jogging. Trois jours plus tard, on retrouvera son corps partiellement démembré et calciné. Sa tête est découverte broyée. Entre-temps, elle avait croisé la route de son meurtrier. "En douze ans de barre, je n'ai jamais vu un corps massacré comme celui-là. Et pourtant, j'en ai vu, croyez-moi", soufflait en première instance l'avocat de la famille de la jeune joggeuse, Me David Metaxas.

Interpellé quelques jours plus tard pour l'agression d'une femme, Anthony Draoui avait été placé en garde à vue avant d'être relâché. Mais son ADN est retrouvé sur la scène de crime. Il sera arrêté en juin 2012 dans un train en provenance d'Espagne, puis avouera ses crimes devant les enquêteurs, avant de se rétracter.

"Personnalité bordeline"

Lors de ce procès en appel, l'avocat général François Raffin a demandé que la circonstance aggravante de récidive légale soit appliquée à cet appel, en tenant compte de condamnations à de la prison avec sursis dans l'adolescence. Au terme de trois jours d'audience, la cour va devoir trancher sur cette proposition qui rendrait l'accusé passible de la réclusion à perpétuité. "On change les règles du jeu avec beaucoup de désinvolture", s'est insurgé pour sa part Me Alain Riou, l'avocat de l'accusé.

Pour les experts psychiatres, Anthony Draoui a une "personnalité 'borderline' réactionnelle à des angoisses d'abandon" mais "pas de troubles psychiatriques avérés".

"On veut tout le temps m'hospitaliser d'office en psychiatrie. Je veux une contre-expertise!", a protesté de manière véhémente l'intéressé.

"Nier l'évidence"

Un rapport de psychologues note une "incapacité à nouer une relation affective sauf avec une mère 'sorcière'" alcoolique et toxicomane, à laquelle il est uni par un lien à la fois "destructeur et indestructible". Anthony Draoui n'a pas connu son père biologique, et le père adoptif dont il porte le nom a été expulsé au Maroc pour trafic de drogue, quand l'accusé avait quatre ans. Errant de foyers en familles d'accueil, il quitte le système scolaire à 13 ans et finit dans la rue peu avant le meurtre.

En face de lui, une famille qui a éclaté sous l'effet du drame; le couple Meyer, leur fils de 20 ans et leur fille de 16 ans, peinent à supporter sans larmes l'énoncé de ce qu'a subi Marie-Jeanne. "Je sais que je ne devrais pas être là", a témoigné Jean-Pierre Meyer auprès de Midi Libre. Cet appel, c’est comme s’il tuait une deuxième fois ma fille". Pour le père de Marie-Jeanne, Anthony Draoui va adopter la même attitude qu'en première instance: "Il va nier l’évidence".

Justine Chevalier avec AFP