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Police-Justice

Meurtre d'Arthur Noyer: à la barre, les proches de Nordahl Lelandais tentent de le faire craquer

Croquis d'audience montrant Nordahl Lelandais le 4 mai 2021 devant la cour d'assises de Savoie, à Chambéry

Croquis d'audience montrant Nordahl Lelandais le 4 mai 2021 devant la cour d'assises de Savoie, à Chambéry - Marie WILLIAMS © 2019 AFP

Deux anciens amis de Nordahl Lelandais, appelés à témoigner à la barre ce mercredi au 3e jour du procès du meurtre d'Arthur Noyer, ont tenté de faire craquer le prévenu. Mais ce dernier est jusqu'alors resté calme et maîtrisé.

Deux anciens proches de Nordahl Lelandais ont tenté de le pousser dans ses retranchements, au troisième jour de son procès pour le meurtre d'Arthur Noyer. Au sein du tribunal de Chambéry ce mercredi, une ancienne amie du prévenu a raconté avoir passé la soirée avec lui le 13 avril, quelques heures après la mort du jeune caporal.

"C’est affreux à dire, mais Nordahl, c’est un super gars!", ose lancer à la barre Alexandra, 44 ans, qui l'a connu de 2016 jusqu'au lendemain de la mort d'Arthur Noyer. "Il etait très à l’écoute, très agréable à fréquenter... C’est un garçon qui était beau dans tout son ensemble".

"Je n’arrive pas à le voir comme un monstre"

Ce soir du 13 avril, Nordahl Lelandais "nous a rejoint en discothèque", raconte la quadragénaire. "On a passé une excellente soirée, très festive", et selon elle "il n'avait rien ni physiquement, ni dans son attitude, qui pouvait nous faire penser à l’atrocité qu’il avait pu faire".

Face à l’avocat de la famille Noyer qui lui demande ce qu’elle a ressenti en apprenant l’affaire, Alexandra verse quelques larmes et tente de faire réagir le prévenu: "c’est assez compliqué de savoir le mal que t’as fait". Et de réclamer: "tu dois leur dire la vérité Nordahl". Lui, depuis son box, acquiesce. Le président du tribunal en profite alors pour lui demander de se lever, et le confronter à cette amie. "La vérité, oui, je la donnerai. J’ai essayé de la donner au long de l’instruction". Interrogé sur son attitude le soir du 13 avril, Nordahl Lelandais reste dans le contrôle de ses paroles et explique, sans craquer: "dans ces moments-là, c’est compliqué. On se met une carapace".

"Je suis désolée, mais je n’arrive pas à le voir comme un monstre", lance finalement Alexandra au terme d'un échange intense, qui permet à l'avocat du prévenu Me Jakubowitz de poser la question: "Et s’il n’en était pas un?"

"Soulage ton âme, le mal est fait"

Dans un second temps, c'est un autre ancien ami de Nordahl Lelandais qui tente de le faire réagir à l'audience: Nazim, un père de famille et chef d’entreprise de 38 ans. À la barre, cet ancien proche livre un témoignage poignant, et raconte à quel point il a pu souffrir de n'avoir rien vu.

"Soulage-toi de la vérité, soulage ton âme, le mal est fait. Vis ce qu’il te reste à vivre plus léger. Dans tous les cas, il n'y a rien qui peut être changé", lui a-t-il suggéré, alors que l'accusé pleurait dans son box, tout comme son avocat et sa consœur.

"C’était un super pote", raconte à son tour Nazim, qui dit n'avoir "que des bons souvenirs avec lui". "Il n’y avait rien qui puisse nous permettre de prédire quoi que ce soit, il était comme nous tous", affirme-t-il à l'audience. "D’habitude, les affaires comme ça, on les voit à la télévision aux États-Unis et on zappe. Tout d’un coup, c’est ici, il y a le nom de votre pote. On ne comprend vraiment rien. Moi, j’avais juste un ami et aujourd’hui je me retrouve là devant vous tous, à parler du sujet le plus grave qui puisse exister, un être humain qui fait du mal à un autre".

"Je suis le dernier à avoir tenu bon, à penser que c’était impossible que ce soit lui... Beaucoup d’amis aujourd’hui ont de la haine en pensant à Nordahl. Moi, je n’en ai pas", a poursuivi le père de famille devant l'accusé.

De son côté, Nordahl Lelandais a simplement répondu, à nouveau sans craquer: "la vérité, j’ai commencé à l’expliquer et peut-être que je l’ai mal exprimée. Je ne trouve pas les bons mots... la vérité j’essaie de la dire... on me dit: 'non c’est pas bon'... merci Nazim d’avoir été mon ami."

Cécile Danré et Jeanne Bulant