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Police-Justice

Mediator: le procès reporté à mai 2014

Le très controversé Mediator a été retiré de la vente en juillet 2010

Le très controversé Mediator a été retiré de la vente en juillet 2010 - -

Le tribunal correctionnel de Nanterre a renvoyé, vendredi, le procès du Mediator pour un supplément d'information.

Les victimes vont devoir encore patienter. Le tribunal correctionnel de Nanterre a décidé, vendredi, de reporter le procès du Mediator, un médicament accusé d'avoir déjà causé des centaines de morts, après avoir ordonné un supplément d'information.

La date d'une reprise du procès, déjà interrompu une première fois l'année dernière pour une question de procédure, pourrait être fixée lors d'une audience prévue le 15 mai 2014.

La présidente de la 15e chambre du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, a jugé que le tribunal était dans l'impossibilité de prendre une décision en l'état. Elle a demandé à ce que "la totalité du dossier" de l'instruction actuellement en cours à Paris sur les mêmes faits lui soit transmis, une fois que celle-ci sera terminée.

Ce volet de l'enquête pourrait être, selon le parquet de Paris, bouclée à l'été 2013.

Entre 1.300 et 1.800 victimes à long terme

Il y a eu au cours des débats qui se sont tenus jusqu'ici "de multiples références à l'instruction en cours" à Paris et le tribunal est à ce stade "dans l'incapacité de dissiper certaines contradictions", a relevé la présidente pour justifier sa décision.

Jeudi, le parquet de Nanterre avait demandé un supplément d'information mais plus restreint, portant notamment sur le rapport d'expertise ordonné par les juges d'instruction parisiens et rendu public en avril.

Selon ce document, le Mediator, un antidiabétique largement détourné comme coupe-faim durant sa commercialisation de 1976 à 2009, pourrait provoquer de 1.300 à 1.800 morts par valvulopathie (défaillance des valves cardiaques) en France.

Les conseils des laboratoires Servier avaient eux demandé un supplément d'information portant notamment sur le rôle de l'Agence du médicament, mise en examen en mars à Paris.

"Je suis déçu"

"Le tribunal est allé au-delà de ce que nous demandions, en réclamant l'ensemble du dossier", a souligné Me Hervé Temime, conseil de Jacques Servier, 91 ans, le fondateur des laboratoires.

Pour les victimes présumées, ce renvoi du procès, qui avait déjà été suspendu il y a un an pour des questions de procédure, a un goût amer.

"Je suis déçu, le procès va mettre beaucoup de temps à reprendre et pendant ce temps-là des malades continuent à mourir", a déploré Sylvain Ramsany, qui a consommé du Mediator pendant 20 ans et souffre de valvulopathie.

Les quelque 700 parties civiles de Nanterre avaient misé sur une procédure censée être rapide: une citation directe, dans laquelle leur revient la tâche d'apporter les preuves. Elles vont devoir prendre leur mal en patience.


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Emmanuel Bringuier avec AFP