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Police-Justice

Mediapart : « Ces vols sont faits pour intimider nos sources »

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Au Monde, au Point et à Mediapart, des journalistes chargés d'enquêter sur l'affaire Bettencourt ont été cambriolés ces deux dernières semaines. Des vols suspects qui éveillent l'inquiétude.

Un journaliste du Monde a été cambriolé à son domicile jeudi dernier : son ordinateur et son GPS ont été volés. L'hebdomadaire Le Point a annoncé mardi le vol de deux ordinateurs, dont celui du journaliste travaillant sur l'affaire Bettencourt. Et hier mercredi, le site Médiapart a révélé avoir été volé dans la nuit du 7 au 8 octobre : un disque dur externe et les CD des enregistrements pirates ont été dérobés. Coïncidences troublantes, puisque tous les journalistes visés sont en pointe sur l'enquête Bettencourt.

Une série de vols suspects qui éveille l'inquiétude. Ce mercredi, le syndicat national des journalistes (SNJ) a demandé au ministre de l'Intérieur que toute la lumière soit faire sur cette épidémie de cambriolages. Idem côté PS ce jeudi.

Edwy Plenel : « Ces actes sont faits pour être vus »

Rappelant que « la paranoïa est le pire ennemi de l’enquêteur », le fondateur et directeur du site Mediapart, Edwy Plenel, parle de « drôles de coïncidences » : « Comme par hasard, les cibles de ces vols sont les journalistes désignés par ceux qui veulent étouffer cette affaire ; et je me dis : ces actes sont faits pour être vus. A l’heure du numérique, on peut espionner des journalistes de manière beaucoup plus subtile. Donc, ces actes sont faits pour impressionner, intimider nos sources : les magistrats, les policiers, les membres de cabinets ministériels, les fonctionnaires, voire les membres de la majorité présidentielle qui, dans cette période troublée, seraient tentés de faire leur devoir de citoyen, c’est-à-dire d’alerter la presse indépendante ; en leur disant : si vous parlez aux journalistes, on le sait. »
Et Edwy Plenel de souligner « la dimension politique » de l’affaire Bettencourt : « le financement, par des moyens illicites, de la campagne présidentielle passée et sans aucun doute à venir, de Nicolas Sarkozy. »

Le Point : « On ne garde pas les choses importantes dans nos ordinateurs »

De son côté, Franz-Olivier Giesbert, directeur de l'hebdomadaire Le Point, reste prudent quand on lui demande qui pourrait se cacher derrière ces vols : « on ne sait pas et on ne saura jamais. Nous les journalistes, on a l’air complètement parano ; on ne peut accuser personne. Ça montre qu’on est toujours en république bananière. Ces gens ne savent pas comment on travaille : bien entendu, jamais on ne garde les choses importantes dans nos ordinateurs ; on travaille via des cabines téléphoniques et des standards, et on fait très attention de ne pas laisser des carnets trainer. »

Mamère : « Ce gouvernement est prêt à tout »

Noël Mamère, député vert de Gironde et ancien journaliste. Pour lui, il n'y a pas de coïncidence, il y a forcément un lien avec l'affaire Bettencourt et il ne cache pas vers qui se dirigent ses soupçons : « Ce gouvernement est prêt à tout ; il utilise des méthodes de barbouze ; je suis donc en droit de le soupçonner des pires vilénies. »

La Rédaction, avec Aurélia Manoli