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Police-Justice

Marseille: que s'est-il passé à l'hôpital Nord?

L'hôpital Nord de Marseille a été le théâtre le 12 juillet dernier d'une agression du personnel soignant par un patient armé.

L'hôpital Nord de Marseille a été le théâtre le 12 juillet dernier d'une agression du personnel soignant par un patient armé. - -

Les révélations de "La Provence", mercredi, sur la séquestration à Marseille d'agents hospitaliers par un patient armé, le 12 août dernier, soulèvent de nombreuses questions et attisent la polémique chez les politiques, à quelques mois des municipales.

A Marseille, l'agression le 12 août dernier de personnel hospitalier par un patient armé, révélée mercredi par La Provence soulève de nombreuses questions. Pas de plainte ni d'arme retrouvée, et des versions divergentes. Sur fond d'insécurité et à quelques mois des municipales, la polémique prend de l'ampleur.

> Y a-t-il eu prise d'otage?

Alors que dès mercredi soir et ce jeudi en Une, La Provence évoque une "prise d'otage", Manuel Valls est tout à fait catégorique: "contrairement à ce qui a été rapporté par La Provence, il n'y a eu ni prise d'otage, ni séquestration à l'hôpital Nord de Marseille, dans la nuit du 12 au 13 août".

Mercredi, le quotidien régional parlait en effet de "prise d’otage" citant le Pr Pascal Thomas, l’un des plus grands spécialistes français de la greffe pulmonaire: "un patient est sorti de sa chambre et a fait irruption dans les couloirs du service, un revolver à la main. Il interdisait à quiconque d’entrer ou de sortir de l’unité, menaçant de buter le premier qui désobéirait ou qui donnerait l’alerte".

Une version également réfutée par la direction de l'hôpital. Jean-Michel Budet, directeur adjoint des Hôpitaux de Marseille parle de menaces avec une arme et dément toute séquestration. "Quand on fait une prise d’otage, on menace les gens, on les séquestre et on est délivré en général par le GIGN ou des forces de police spéciales. Là, il n’a pas été question du tout de ça. On a procédé à l’expulsion d’un malade, qui était détenteur d’une arme à feu et qui menaçait le personnel. (...) Je n’appelle pas ça une prise d’otage."

Interrogé mercredi par l'AFP, le directeur de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône, Pierre-Marie Bourniquel, a également démenti toute "prise d'otages".

> Pourquoi n'y a-t-il pas eu de suites judiciaires?

C'est la peur des conséquences qui aurait retenu le personnel hospitalier de porter plainte. "Les soignants qui ont été victimes de l'agression n'ont pas porté plainte car ils ne voulaient pas donner leur identité par peur des représailles", explique le professeur Pascal Thomas dans La Provence de jeudi.

"Aujourd'hui, le personnel soignant a peur. Le personnel qui a été confronté à cette séquestration est craintif, souligne le délégué syndical FO de l'hôpital. Un agent "un peu traumatisé" ne vient plus travailler depuis l'incident, précise également un membre du personnel de l'hôpital.

Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin estime également que les infirmières n'ont pas voulu porter plainte "pour ne pas redouter des représailles".

Le parquet a finalement ouvert une enquête préliminaire jeudi matin.

> Pourquoi l'affaire ne sort-elle que maintenant?

Au coeur de la polémique également, le moment de la médiatisation de l'affaire. L’agression a trois semaines, mais ne sort que maintenant dans les médias. A La Provence, le directeur de la rédaction, Olivier Mazerolle précise que la journaliste auteur de l’article, Sophie Manelli, disposait de l’information bien avant de la publier. "Mais elle a mené son enquête très précisément et nous avons conservé justement la nouvelle pour être sûrs de ce que nous écrivions", indique-t-il.

Mais pour Marie-Arlette Carlotti "le grave incident survenu dans la nuit du 12 au 13 août 2013 à l'hôpital nord de Marseille était connu des services de police et de l'AP-HM". Selon la ministre, "le directeur de l'AP-HM en a fait état devant le Premier ministre le 20 août 2013 lors d'une réunion au service des urgences de l'hôpital de la conception. L'affaire était donc connue de tous, à l'exception, semble-t-il, de certains parlementaires qui étaient pourtant représentés à cette réunion."

> Insécurité et municipales

Si l'information prend aujourd'hui de l'ampleur, c'est qu'à quelques mois des élections municipales, les politiques s'en sont emparés et que la sécurité est à Marseille un véritable enjeu. Ainsi, Patrick Mennucci, candidat aux primaires PS à Marseille a-t-il "demandé que la lumière soit faite", mettant en cause Jean-Claude Gaudin. Réponse du maire de Marseille: "Patrick Mennucci est en campagne électorale et il dit n'importe quoi. Qu'il demande à ses amis du gouvernement des effectifs de police supplémentaires pour Marseille".

Samia Ghali, maire PS du 8e secteur de Marseille, a, elle, proposé de "déployer l'armée à l'intérieur des hôpitaux" un an après avoir lancé un appel similaire pour les cités. Enfin, Marie-Arlette Carlotti a regretté les "réactions excessives et surjouées de certains responsables politiques".

Magali Rangin