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Police-Justice

Marseille : des riverains évacuent un campement rom et brûlent les restes

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A Marseille, les habitants d'une cité sont descendus jeudi soir dans un campement rom pour les faire fuir, avant de bruler les restes du campement. Personne n'a été interpellé, et des élus s'interrogent : « La chasse aux Roms a-t-elle commencé ? »

Ils ont décidé de faire justice eux-mêmes. Plusieurs habitants et riverains d'une cité de Marseille ont contraint à la fuite, jeudi soir, des familles roms installées à proximité.
Après avoir prévenu les autorités qu’ils interviendraient si le campement près de la cité des Créneaux, dans le 15e arrondissement de la ville, n’était pas levé, ils sont eux-mêmes allés demander aux Roms de partir. Les autorités locales leur avaient en effet expliqué qu’il fallait une décision de justice, ce qui prend du temps. 35 personnes, selon une militante associative qui s’est dite « effarée », étaient installées dans le camp. Ils ont quitté les lieux sans résistance, sous le regard de la police, et aucune violence n’a été constatée. « Les gens disent que l'Etat ne fait rien et ils passent directement à l'action. C'est ce que l'on craignait le plus », déclare le délégué régional de la Fondation Abbé Pierre, Fathi Bouaroua. « Cette situation fait deux victimes : les Roms, qui ont désormais peur pour leur sécurité, et les populations défavorisées qui se trouvent confrontées à une dégradation de leur environnement. La situation est plus que tendue partout dans la ville », a-t-il ajouté.

Accusés de plusieurs cambriolages

Les familles étaient accusées de plusieurs cambriolages et d’avoir voulu rentrer dans des immeubles, parfois vides en raison d’une procédure de démolition. « Des habitants sont venus me voir jeudi matin, ils étaient excédés par la présence des Roms », qu'ils accusaient d'avoir commis des cambriolages, a pour sa part déclaré Samia Ghali, sénatrice-maire PS des 15e et 16e arrondissements de Marseille. Selon elle, des femmes s'étaient aussi plaintes que les Roms « salissent tout et essayent d'entrer dans les immeubles ».
Aucune violence n’ayant été commise, aucune interpellation n’a été effectuée. Après le départ des Roms, les habitants ont incendié les restes du campement.
Selon les associations caritatives, cette action ne serait pas isolée. Au mois de mai, les habitants d'un autre quartier du nord de Marseille avaient violemment pris à partie les militants associatifs intervenant sur un campement sauvage à Château Gombert.

« La chasse aux Roms a-t-elle commencé ? »

« Les effets d'annonce autour des expulsions de Manuel Valls ne règlent rien, pas davantage que les deux réunions que nous avons eues avec la préfecture des Bouches-du-Rhône sur cette question. Les réponses a minima ne calment pas le jeu », estime Fathi Bouaroua de la Fondation Abbé Pierre.
« La seule solution est d'accueillir et d'héberger ces populations dans des conditions acceptables. Aujourd'hui, le sentiment de peur est bien réel. On ne peut pas continuer à monter deux populations l'une contre l'autre », a-t-il ajouté. Christophe Madrolle, vice-président de la Communauté urbaine de Marseille, s'est dit « indigné » face à des actes « favorisés par l'attitude 'pousse au crime' de certains élus ». « Pourchasser une population, détruire ses (rares) biens, à cause de son origine, c'est un crime digne d'une triste époque de notre histoire, qui n'a plus sa place dans notre République », déclare l'élu du MoDem dans un communiqué. « Hier, on pointait du doigt les Roms, aujourd'hui on brûle leurs habitations, mais jusque où ira-t-on ? La chasse aux Roms a-t-elle commencé ? »

La Rédaction, avec AFP