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Police-Justice

Marseille: 4 policiers de la BAC sous les verrous

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4 policiers de la BAC de Marseille ont été mis en examen et écroués vendredi en fin de journée. Les éléments à charge sont « accablants », précise le procureur. Pas de place pour « ceux qui salissent la police », prévient Manuel Valls.

Quatre des douze policiers marseillais déférés vendredi devant la justice pour corruption présumée ont été mis en examen et incarcérés en fin de journée. Ils doivent répondre de "vol et extorsion en bande organisée", et de "détention, acquisition, transport, cession de stupéfiants".
Les suspects ont été écroués dans plusieurs établissements pénitentiaires de la région de Marseille.
Selon Jacques Dallest, le procureur de Marseille, « un système organisé de vol, de racket, de trafic de drogue » gangrenait la brigade anti-criminalité (BAC) de jour du nord de Marseille.

Des preuves accablantes

Les fonctionnaires ont été déférés sur la base d'« éléments accablants », déclare le magistrat en ajoutant : « Le sentiment (...) c'est qu'on a une gangrène qui a frappé, qui a touché ce service. Il est possible que d'autres personnes soient impliquées pénalement à des titres divers ».
D'autres mises en examen devraient vraisemblablement suivre dans cette enquête préliminaire lancée en novembre 2011.
La justice s'appuie sur l'écoute de conversations entre policiers de la BAC de jour, enregistrées dans leurs voitures de service par les enquêteurs de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) entre mai et septembre.
Ces écoutes se sont révélées très instructives sur les pratiques des intéressés, de la récupération de drogue sur les dealers aux perquisitions illégales, en passant par le partage d'argent et de stupéfiants.
« Tout y passe, et cela de façon répétée dans le temps », a souligné le procureur.

De l'argent liquide, du haschich et des bijoux

Les perquisitions menées mardi par l'IGPN à la Bac Nord, dans le XVe arrondissement de Marseille, ont permis de retrouver de l'argent liquide, environ 450 grammes de haschich et de résine de cannabis, des sachets de conditionnement de drogue et une dizaine de bijoux, dans les vestiaires personnels des policiers et les faux-plafonds du service.
Confrontés à ces éléments, des policiers de la BAC nient totalement les faits, d'autres les reconnaissent en partie, mais en cherchant à se justifier: ces détournements d'argent et de drogue auraient servi leur activité professionnelle... ce que dément formellement le parquet de Marseille.
« La pratique usuelle des fonctionnaires de police n'est pas de prélever de la drogue ou de l'argent pour travailler. Cela est faux, a rectifié le procureur. Ni le parquet ni la justice ne cautionneraient le détournement d'argent ou de produits stupéfiants sous couvert de recherche d'affaires ».
Mais « comme dans toute enquête policière, il n'y a pas seulement les auteurs qui sont entendus. Il faudra faire le tri entre les ripoux, les naïfs et les innocents, veut tempérer Alphonse Giovannini, du syndicat Unité Police.
« Il n'y a pas eu de laxisme de l'administration mais une souricière qui a été montée. Il ne [faut] pas jeter la pierre sur l'ensemble du service de la BAC », a ajouté ce syndicaliste.
S'ils sont reconnus coupables, les policiers risquent jusqu'à 20 ans de prison.

« Pas de place pour ceux qui salissent l'uniforme de la police »

Vendredi, Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, a voulu insister sur son intransigeance dans cette affaire: « Si les faits qui sont reprochés à ces policiers sont avérés, je serai extrêmement sévère et je prendrai des décisions ».
Sur le perron de la Place-Beauvau, Manuel Valls a ajouté : « Il n'y a pas de place pour ceux qui salissent l'uniforme de la police qui est un honneur pour ceux qui le portent, [ni] pour ceux qui salissent la police et la République ».
Le ministre doit se rendre le 12 octobre prochain à Marseille.
Cette affaire est la plus grave touchant la police française depuis la révocation de Michel Neyret, le numéro deux de la Police judiciaire lyonnaise, mis en examen et incarcéré il y a un an pour ses liens avec le milieu lyonnais, puis révoqué par Manuel Valls.

La Rédaction, avec Reuters