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Police-Justice

Manifestation à Paris: un rassemblement ce dimanche pour protester contre des "gardes à vue abusives"

Les forces de l'ordre ont procédé à 150 interpellations et plus d'une quarantaine de personnes ont été placées en garde à vue dans la capitale.

Après deux week-ends marqués par des scènes de vandalisme et de heurts avec les forces de l'ordre, aucun incident majeur n'a eu lieu lors de la nouvelle journée de mobilisation contre la loi "sécurité globale" ce samedi. Une preuve de la "réussite" d'une nouvelle stratégie de fermeté "anti-casseurs", se réjouissait ce samedi soir Gérald Darmanin.

Le ministre de l'Intérieur avait en effet opté, ce samedi, pour une très forte surveillance du cortège. 3000 forces de l'ordre ont été mobilisées à Paris. Celles-ci ont par ailleurs procédé à 150 interpellations et plus d'une quarantaine de personnes ont été placées en garde à vue.

Une longue liste de "dérives"

Ce dimanche, ces arrestations suscitent néanmoins des questionnements et de nombreuses critiques. Plusieurs associations et syndicats dénoncent ainsi des "arrestations arbitraires" lors de la manifestation.

"Interpellations en masse, charges infondées faisant éclater le cortège, retenues sans motif légitime au-delà du délai légal, gardes à vue notifiées à la chaîne sur la base d'infractions pénales dévoyées...": pour ces associations dont Attac, le Syndicat national des journalistes ou la Ligue des droits de l'Homme, la liste des "dérives inadmissibles" est longue.

"Comme nous le redoutions", poursuivent-ils dans leur communiqué, "la manifestation parisienne, bien que dûment déclarée par un collectif d'organisations et autorisée par la préfecture de police, s'est transformée en souricière".

Des gardes à vue "autoritaires"

Le député LFI Eric Coquerel a dénoncé sur Twitter la garde à vue "complètement autoritaire de nombreux manifestants". Il a indiqué avoir exercé dimanche son "droit de visite parlementaire dans les commissariats" où étaient retenus des manifestants. D'autres élus LFI comme Alexis Corbière et Danielle Simonnet se sont rendus devant des commissariats de la capitale aux côtés des familles et amis.

"Elle n'a opposé aucune résistance!"

Bénédicte Monville, conseillère générale Île-de-France à Melun, a ainsi appelé dans la matinée à un rassemblement devant le commissariat du XXe arrondissement pour protester après que sa fille a été placée en garde à vue. Au total, une quarantaine de personnes ont répondu à l'appel.

"Ma fille a été arrêtée hier alors qu’elle quittait la manifestation. La police a chargé. Elle filmait, un policier la saisit et ils l’ont emmenée", raconte-t-elle, sur Twitter. "Plusieurs personnes témoignent qu’elle n’a rien dit, opposé aucune résistance mais elle est en GAV pour “outrage”. Libérez Adèle!"
"On ne peut pas manifester aujourd'hui, en France, et être arrêté sans raison"!, poursuit l'élue, interrogée sur notre antenne.

Outre Bénédicte Monville, d'autres voix similaires se sont fait entendre sur les réseaux sociaux. "Mon fils Théo a lui aussi été arrêté en tout début de manifestation, il est en GAV avec votre fille, commissariat du 20ième, Bénédicte Monville. Ils n'ont pas de faits à lui reprocher, juste des supposées intentions. Libérez Théo!", réagit ainsi une mère de famille.

Deux lycéens interpellés dans le cortège ont par ailleurs été libérés sans poursuite dimanche après-midi, tandis que deux lycéennes mineures ont, elles, écopé d'un rappel a la loi, a-t-il ajouté.

Deux journalistes en garde à vue

Au moins deux journalistes ont aussi été placés en garde à vue: un reporter du média QG et un autre du collectif Reporters en Colère (REC). La garde à vue du premier a été prolongée dimanche, a indiqué la fondatrice de QG, Aude Lancelin. Il est soupçonné d'"attroupement en vue de commettre des violences", de "refus d'obtempérer à un ordre de dispersion" et de "dissimulation du visage" alors que, selon Aude Lancelin, il portait un simple masque de protection.

Le reporter de REC a lui été relâché dimanche sans poursuite, a indiqué Emmanuel Vire, du SNJ-CGT.

Selon un bilan provisoire du parquet de Paris dimanche soir, sur les 19 mineurs placés en garde à vue, 14 ont obtenu un classement sans suite dont 5 après un rappel à la loi et 4 ont reçu une convocation devant le délégué du procureur. Un dernier a vu sa garde à vue levée pour poursuite de l'enquête. Sur les 105 majeurs en garde à vue, 66 ont bénéficié d'un classement sans suite dont 27 après un rappel à la loi. Trente personnes étaient toujours en garde à vue dimanche soir.

Cyrielle Cabot Journaliste BFMTV