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Police-Justice

Lyon: un détenu passé à tabac après la fuite d'un document judiciaire

Un gardien de la prison de Lyon-Corbas (Rhône) le 2 avril 2009.

Un gardien de la prison de Lyon-Corbas (Rhône) le 2 avril 2009. - FRED DUFOUR / AFP

Le document en question laissait entendre que l'homme était un informateur de la police. Il est lui-même soupçonné d'être impliqué dans le meurtre d'un indicateur présumé de la police lyonnaise.

Un détenu soupçonné d'être impliqué dans le meurtre d'un indicateur présumé de la police de Lyon a été passé à tabac en prison après la fuite d'un document laissant entendre qu'il était lui-même un informateur, a dénoncé vendredi son avocat.

Me Medhi Mahane a fustigé auprès de l'AFP l'imprudence des magistrats de la Juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS), qui ont laissé entendre que son client était un indicateur, dans une ordonnance de mise en accusation devant la cour d'assises, dont une copie a circulé à la maison d'arrêt de Lyon-Corbas. 

"Cette supposition complètement infondée a placé mon client dans une situation très dangereuse", a assuré l'avocat, affirmant que Kamel Benkhelifa a été frappé le 4 juin par plusieurs détenus dans une cour de la prison et évacué en urgence par les surveillants, confirmant un information du quotidien régional Le Progrès

Des images du passage à tabac ont circulé en prison

Des images de la scène, dont l'AFP a pu voir des extraits, ont circulé dans le centre de détention.

Selon Me Mahane, dans ce document de 103 pages rendu le 23 mai, les deux juges d'instruction écrivent que son client "avait des contacts privilégiés avec certains services de police". Contacté par l'AFP, le parquet de Lyon n'avait pas réagi dans l'immédiat.

Kamel Benkhelifa, 32 ans, est mis en examen et écroué depuis le 3 mai 2016 pour meurtre en bande organisé. Il est renvoyé aux assises avec six autres accusés, suspectés d'avoir participé à l'exécution d'Abdel-Ali Laouar, 38 ans, figure du banditisme lyonnais abattu de trois balles le 29 avril 2016 à Villeurbanne.

Kamel Benkhelifa reconnaît un différend et une bagarre ce jour-là avec Abdel-Ali Laouar, mais il affirme qu'une autre équipe a surgi à moto pour l'abattre. 

L'affaire Neyret en toile de fond

Selon lui, la victime avait beaucoup d'ennemis, à cause, là encore, d'une réputation d'informateur auprès du commissaire Michel Neyret, l'ancien numéro deux de la PJ lyonnaise. 

Ce dernier a été condamné en appel à deux ans et demi de prison ferme pour trafic d'influence et corruption après avoir notamment fourni des informations confidentielles à des membres du milieu lyonnais en échange d'avantages, de cadeaux et d'argent liquide.

Jamais confirmées et démenties par Michel Neyret, les rumeurs visant Abdel-Ali Laouar ont été évoquées dans des auditions du dossier Neyret, qui ont aussi circulé en prison. 

Le meurtre de d'Abdel-Ali Laouar, la veille du procès de Michel Neyret, avait suscité nombre d'interrogations. Selon l'ordonnance de renvoi, le mobile du meurtre concerne une affaire de dette entre les protagonistes de l'affaire.

Clarisse Martin avec AFP