BFMTV
Police-Justice

Lyon interdit la vente d'alcool à emporter après 22h

Cet arrêté entend notamment limiter le phénomène de "binge drinking", c’est-à-dire boire le maximum d’alcool en un minimum de temps...

Cet arrêté entend notamment limiter le phénomène de "binge drinking", c’est-à-dire boire le maximum d’alcool en un minimum de temps... - -

Pour lutter contre l’alcoolisation massive et brutale de ses jeunes et la hausse des troubles à l’ordre public qui en résulte, la mairie de Lyon prend un arrêté interdisant la vente d'alcool à emporter de 22h à 6h du matin, tout l'été. « Une mesure très politique, qui ne résoudra pas le problème », estiment certains…

C'est fini. Plus de détours à l'épicerie du coin pour acheter un pack de bière la nuit tombée. Dès aujourd'hui lundi, la ville de Lyon prend un arrêté municipal : la vente d'alcool à emporter est interdite de 22h à 6h du matin. Et ce, durant tout l'été.

Une alcoolisation massive des jeunes…

Pourquoi cette décision ? Pour des raisons de santé publique avant tout. L’alcool est aujourd’hui la première addiction des jeunes. La mairie dit s’inquiéter d’une alcoolisation massive et brutale de ses jeunes aujourd’hui, et dénonce, en conséquence, une augmentation des troubles de l’ordre public : bagarres, dégradations des lieux, nuisances sonores, ou pire encore, lorsque certains étudiants ivres se lancent dans un pari stupide, comme se jeter dans le Rhône.
« Dans certains quartiers effectivement, les riverains sont excédés, la police doit intervenir à plusieurs reprises, raconte Jean-Paul Borrelly, secrétaire général du syndicat Alliance à Lyon. Ça commence par le bruit, par des vociférations, ensuite quelques dégradations, et puis ça peut dégénérer très vite. L’alcool est un élément prépondérant dans la violence que peuvent exercer certains individus ; toutes les dérives sont possibles. Mais attention, ça n’empêchera pas certains, de faire leurs provisions avant… ».

Cet arrêté entend limiter le phénomène de "binge drinking", c’est-à-dire boire le maximum d’alcool en un minimum de temps. Il sera appliqué à toute la ville sans exception, et vient compléter un arrêté municipal interdisant déjà la consommation d’alcool sur la voie publique.

« Y’aura toujours moyen… »

Pour beaucoup de jeunes, ça ne règlera pas le problème, comme l’explique Maurad, un étudiant de 21 ans, qui a l'habitude de se retrouver avec des amis sur les berges du Rhône, parfois pour boire de l'alcool ensemble : « Ça va servir à rien ! Autant prendre 2 bouteilles l’après-midi et les mettre de côté pour le soir. Et sinon, il y a des stations-services et plein de magasins en dehors de Lyon, qui vendent de l’alcool. Y’aura toujours moyen ! Même l’épicier, sa porte de devant est fermée, mais celle de derrière est toujours ouverte. Ici, y’aura toujours de l’alcool. C’est les berges, c’est comme ça, tous les étés c’est le lieu de rendez-vous des jeunes ».

« Une mesure très politique, qui ne résoudra pas le problème »

Yolande, 49 ans, dit comprendre les raisons de cet arrêté. Mais pour elle aussi, il ne servira pas à grand-chose : « L’alcoolisation ne se fait pas seulement dans les épiceries ouvertes jusqu’à minuit, et pas uniquement l’été. Et y’a des soirées étudiantes sponsorisées par des alcooliés, et là on ne fait rien du tout ! Alors je trouve ça un peu ridicule ; c’est une mesure très politique, pour faire plaisir aux riverains, pour dire qu’on fait quelque chose. Mais au final, ça ne résoudra pas le problème ».

- 60% sur le chiffre d’affaire des épiciers

Et tout ceci ne fait pas les affaires des épiceries ouvertes toute la nuit ; certains commerçants prédisent déjà des pertes de 60% de leur chiffre d’affaire. Salim, qui gère une épicerie dans le 5eme arrondissement de Lyon, ouvre tous les soirs jusqu'à 1h du matin, et il est inquiet : « J’ai investi plus de 50 000 euros, alors maintenant je ne sais pas comment je vais rembourser. 50% des épiciers travaillent le soir, parce que la journée, avec les grandes surfaces, on n’a pas grand-chose à faire ».

La Rédaction, avec Caroline Girardon et Alexis Bédu