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Police-Justice

Loïc Sécher, septième procès criminel "révisé" de l'Histoire

Le procès en "révision" de Loïc Sécher s'ouvre lundi à Paris.

Le procès en "révision" de Loïc Sécher s'ouvre lundi à Paris. - -

Ce lundi, la France pour la septième fois de son histoire un procès en "révision" d'un homme qui avait été définitivement condamné pour un crime.

La France ouvre ce lundi pour la septième fois de son histoire un procès en "révision" d'un homme qui avait été définitivement condamné pour un crime, une décision remise en question par des faits nouveaux.

Cette audience, qui doit durer une semaine aux assises de Paris, concerne Loïc Sécher, un ouvrier agricole de 50 ans de Loire- Atlantique condamné en appel à 16 ans de réclusion en 2005 pour viols sur mineure et qui a purgé plus de sept ans de détention.Il a été libéré en avril 2010 après la décision de la Cour de cassation de réviser ce procès.

La victime présumée a confié avoir menti

L'affaire reposait sur les accusations d'une adolescente perturbée psychologiquement, qui s'est rétractée en 2007, et qui est jugée encore plus perturbée aujourd'hui, selon les expertises judiciaires réalisées durant la révision.

Loïc Sécher, mis en cause et écroué une première fois en 2000, a été condamné en première instance comme en appel en 2003 et 2005 pour viols et agressions sexuelles sur mineure.

La personne se disant victime, adolescente au moment des faits, a répété d'abord ses accusations devant les gendarmes, le juge d'instruction et les deux cours d'assises. Une expertise psychiatrique la jugeant "crédible" est venue appuyer l'accusation.

A partir de 2007, elle a dit à son entourage qu'elle avait menti et s'est tenue depuis à cette version. Un psychiatre l'a réexaminée dans le cadre de la révision et a conclu qu'elle était perturbée d'avoir menti.

La contre-enquête menée par la Cour de cassation a montré qu'elle était vierge au moment des faits, qu'elle avait jadis accusé à tort d'autres personnes, dont son père, d'abus sexuels.

Une autre enquête sur une supposée agression physique à son encontre avait débouché en 2005 sur un non-lieu, la justice la soupçonnant de s'être automutilée. Au troisième procès Sécher, on ignore quelle sera sa position.

Le dossier Marc Machin en attente

C'est la septième fois dans l'histoire judiciaire française qu'une procédure de révision d'une condamnation criminelle définitive aboutit à un nouveau procès. Le dernier exemple en date concernait Patrick Dils. Condamné à perpétuité en 1989 pour un double meurtre, il a été acquitté et libéré en 2002.

Ce type de procédure tend à devenir plus fréquent. Un huitième procès en révision est d'ailleurs en attente à Paris pour Marc Machin.

Il avait été condamné en première instance en 2004, puis en appel en 2005, à 18 ans de réclusion, dont 12 de sûreté incompressible, pour avoir tué au couteau le 1er décembre 2001 sous le pont de Neuilly Marie-Agnès Bedot.

Les éléments retenus étaient ses "aveux" lors de sa cinquième audition en garde à vue à la police, répétés sur le coup devant un juge d'instruction, puis retirés. Un témoin assurait l'avoir reconnu sur les lieux avant le crime.

Il avait été condamné alors même qu'une autre femme, Maria de Araujo, avait été tuée aussi au pont de Neuilly en 2003, date à laquelle Marc Machin était en prison.

Le 3 mars 2008, un autre homme, David Sagno, est venu à la police s'accuser du meurtre de Marie-Agnès Bedot. Son empreinte génétique a été découverte sur un ongle de la victime et sur ses vêtements. Il a aussi avoué avoir tué Maria de Araujo.

Une nouvelle ère judiciaire ?

Les avocats de la défense des dossiers Machin et Sécher ont estimé que ces affaires illustraient les imperfections de la procédure criminelle française et les considèrent comme symboliques d'une nouvelle ère judiciaire.

Le scandale de l'affaire de pédophilie d'Outreau a amené l'interdiction des expertises de crédibilité et une grande circonspection dans les affaires d'abus sexuels, d'ailleurs aujourd'hui déplorée par les organisations féministes après l'affaire Strauss-Kahn.

La garde à vue a en outre profondément changé depuis le 1er juin, les policiers devant désormais mener les interrogatoires en présence d'un avocat. Il n'est donc en théorie plus possible de recueillir de faux aveux sans que cela se remarque.