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Police-Justice

Limoges: 17 personnes jugées pour une vaste escroquerie à la rénovation thermique

Plus de 200 personnes, souvent âgées, auraient été escroquées. (illustration)

Plus de 200 personnes, souvent âgées, auraient été escroquées. (illustration) - Techniques Energies

Dix-sept personnes, soupçonnées d'avoir forcé des victimes à signer des contrats d'isolation et de rénovation, sont jugées par le tribunal correctionnel de Limoges jusqu'au 22 novembre.

C'est un préjudice estimé à deux millions d'euros. Dix-sept personnes sont jugées, depuis ce lundi 13 novembre, devant le tribunal correctionnel de Limoges dans le cadre d'une vaste escroquerie aux travaux d'isolation et de rénovation, auprès de plus de 200 personnes, souvent âgées, dans sept départements différents.

Les dix-sept prévenus comparaissent jusqu'au 22 novembre pour escroquerie en bande organisée, abus de faiblesse et pratiques commerciales trompeuses et agressives. Ils sont suspectés d'avoir sévi en Haute-Vienne, en Dordogne, dans l'Allier, le Lot, la Gironde, le Loir-et-Cher et l'Eure-et-Loir.

Selon l'enquête ouverte par le parquet de Limoges en 2021, sur la société BDPA Rénovation, ils auraient forcé les victimes à signer des contrats entre octobre 2018 et janvier 2023.

"Problèmes fictifs" et "dégradations"

Grâce à une carte professionnelle et garantie décennale, ces escrocs présumés montraient patte blanche et présentaient les travaux comme nécessaires en raison de "nouvelles normes" pour l'habitat, alors qu'ils ne l'étaient pas forcément. Des démarchages via des centres d'appels permettaient préalablement de cibler des personnes âgées et de les mettre en confiance.

Certains prévenus sont soupçonnés d'avoir signalé des "problèmes fictifs" ou d'en avoir créé de nouveaux "par le biais de dégradations", afin de facturer des travaux supplémentaires, dans le cadre d'un "mode opératoire organisé et systématisé", selon l'accusation.

"Certains travaux réalisés étaient nécessaires et n'ont jamais fait l'objet de critiques ou de plaintes", nuance Me Anthony Zborala, avocat des deux principaux prévenus: une femme de 41 ans, représentante légale de la société, et le directeur commercial de 43 ans, présenté par l'accusation comme le gérant de fait, ce qu'il nie. Sous le coup d'une interdiction judiciaire de gérer une société, il sera jugé en récidive.

"Ils se sont laissés porter"

Selon l'avocat, "l'enjeu du procès est de déterminer la réalité et l'ampleur du préjudice". Le montant des travaux incriminés (deux millions d'euros) "n'est pas allé dans la poche des prévenus. Il y avait une vingtaine de salariés à payer, le matériel pour le chantier, les voitures (...) L'argent a servi surtout pour le fonctionnement de la société."

La société disposait d'agences départementales qui auraient toutes suivi des consignes de démarchage agressif. "Le principe n'était pas d'organiser une escroquerie. Quand ils ont vu qu'ils pouvaient faire de l'argent facile, ils se sont laissés porter", assure Me Zborala. L'association de consommateurs UFC-Que Choisir s'est constituée partie civile dans l'affaire aux côtés des nombreuses victimes.

M.A avec AFP