Lille: procès d'une femme accusée d'avoir tué sa fille de 3 ans

Le procès d'Estelle Derieux, accusée d'avoir assassiné Mandolina, sa fille de presque trois ans, en l'abandonnant dans un sac plastique jeté dans la Deûle à Lille, s'est ouvert ce jeudi aux assises du Nord, à Douai.

"Ma fille me manque beaucoup, j'ai toujours regretté mon geste", a affirmé, sanglotante, la mère, âgée de 34 ans le premier jour de son procès.

Cette femme aux cheveux courts et à la silhouette menue, avait avoué le crime, commis en août 2013, lors de sa garde à vue. Pour expliquer son acte, l'accusée, décrite comme "dépressive" et entretenant "une relation fusionnelle" selon des experts, a invoqué un harcèlement des services sociaux et judiciaires. Estelle Derieux, qui vivait seule à Fourmies (Nord) avec sa fille non reconnue par le père, était en effet suivie depuis une dénonciation pour des violences qu'elle aurait exercées sur sa fille.

Depuis, elle avait peur que sa fille soit placée. "Avec du recul, je comprends mieux qu'on ait voulu m'aider, mais sur le moment je ne l'ai pas bien compris, il y a peut-être eu un manque d'explications", a-t-elle dit depuis son box, la voix tremblotante. Une expertise psychiatrique a conclu à "une grave altération du discernement" lors des faits. Une grande partie de la matinée a été consacrée à la personnalité et au parcours de l'accusée. Elle a grandi dans un milieu plutôt favorisé, déménagera une quinzaine de fois entre 1981 et 2010 au gré des mutations de son père, ancien pilote de chasse et général dans l'armée.

Estelle Derieux parle d'une mère "étouffante" et d'un père "taciturne", et pointe un manque de communication dans la famille, à laquelle elle est toutefois "très attachée". "Avec mes parents, on commence à communiquer au parloir (...) j'aimerais qu'ils soient un peu plus présents", a-t-elle déclaré. L'enquête pointe une absence de liens amicaux. "Je suis assez solitaire, je pense vivre sans ami, ça ne me pose pas de souci", a affirmé Estelle Derieux.

L'accusée est titulaire d'un master 1 en musicologie et a très peu travaillé. Voulant travailler dans le milieu du spectacle, elle faisait du théâtre dans une association. Les parents d'Estelle Derieux et l'association d'aide à l'enfance en détresse La Voix de l'enfant, se sont constitués partie civile.

la rédaction avec AFP