BFMTV
Police-Justice

Lille: classement sans suite de l'enquête sur la mort de Sélom et Matisse

La balance de la Justice (illustration)

La balance de la Justice (illustration) - LOIC VENANCE / AFP

Les familles des victimes, percutées par un TER en 2017, défendaient l'hypothèse d'une intervention de police qui aurait mal tourné.

L'information judiciaire sur la mort de deux jeunes hommes, percutés par un TER en 2017 à Lille tandis que la police était à proximité, a été classée sans suite, a appris l'Agence France-Presse (AFP) auprès du parquet et de l'avocate de l'une des familles.

Le 15 décembre 2017, à 20h43, quatre jeunes garçons de 17 à 20 ans ont été percutés par un train régional à environ 1 km de la gare de Lille-Flandres, dans le quartier Saint-Maurice Pellevoisin. Deux d'entre eux, Sélom et Matisse, ont succombé à leurs blessures tandis que deux autres ont été blessés, l'un grièvement.

À l'époque, le parquet n'avait pas immédiatement fait mention de la présence de la police en intervention à proximité, avant, quelques jours plus tard, d'en faire état. Une information judiciaire en recherche des causes de la mort avait été ouverte.

"L'hypothèse d'une course-poursuite doit être écartée"

"L'hypothèse d'une course-poursuite par des fonctionnaires de police doit être écartée", affirme dans un communiqué ce mercredi la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, concluant "qu'aucune infraction pénale" ne paraît "être à l'origine du décès des jeunes gens".

Ce soir-là, à 20h20, un équipage de la brigade spécialisée de terrain (BST) "à bord d'un véhicule sérigraphié est intervenu aux 16 cité Saint-Maurice, après un appel au 17, pour une rixe sur la voie publique", rapporte la magistrate. "Une fois sur les lieux, les fonctionnaires ne trouvaient personne, la riveraine qui avait signalé l'agression ayant quitté les lieux sans se faire connaître".

Selon le parquet, "il est également établi par le témoignage d'une résidente que ces policiers n'ont pas pu poursuivre les quatre jeunes gens, puisqu'ils frappaient à sa porte pour demander si elle était l'auteure de l'appel (...) au moment où elle assistait, par sa fenêtre donnant sur la voie ferrée, à la fuite des intéressés escaladant un mur et grimpant sur les toits du garage pour y accéder".

Les avocats des familles des défunts réclamaient une reconstitution

"À la simple vue du gyrophare (...), ces derniers ont pris la décision de quitter les lieux, de leur initiative et sans y être contraints par quiconque, en empruntant un itinéraire de fuite permettant d'atteindre la voie ferrée", "utilisé par certains comme un raccourci", ajoute-t-elle.

Les avocats des familles des défunts ont réclamé une reconstitution, qui n'a jamais eu lieu.

"Il y a énormément de questions qui se posent, matériellement, sur ce qui a pu se passer, sur ce qu'ils (les victimes) faisaient à cet endroit-là (sur la voie ferrée), à cette heure-là. Ce serait très étonnant qu'ils aient été là par hasard. Aujourd'hui, on n'a aucune réponse", a déploré auprès de l'AFP Me Audrey Jankielewicz, avocate de la mère de Matisse.

"Pas satisfaisant du tout"

"Il faut fermer toutes les portes. Ça n'a pas du tout été fait, ce n'est pas satisfaisant du tout", a-t-elle ajouté, expliquant étudier la voie de recours la plus pertinente pour "ne pas en rester là".

Dans un communiqué, les députés LFI du Nord Ugo Bernalicis et Adrien Quatennens ont regretté que "tous les actes utiles à la manifestation de la vérité n'aient pas été accomplis".

"Le sujet des violences policières qui est au coeur de cette affaire ne peut être ainsi clôturé et la mort de deux adolescents ne peut-être classée sans suite", écrivent-ils.

F.B. avec AFP