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Police-Justice

Liliane Bettencourt prend ses distances avec Banier

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PARIS (Reuters) - L'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, qui est au centre d'une tempête politico-judiciaire, prend ses distances avec son...

PARIS (Reuters) - L'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, qui est au centre d'une tempête politico-judiciaire, prend ses distances avec son ami François-Marie Banier dans un entretien accordé à Paris Match.

La milliardaire de 87 ans a posé pour une séance photo publiée jeudi sur 18 pages, avec le souci apparent de montrer qu'elle est en bonne santé et saine d'esprit, contrairement à ce qu'affirme sa fille, Françoise Meyers.

Ses relations avec l'UMP et Nicolas Sarkozy, qu'elle a personnellement rencontrés en 2009 pour mettre fin aux plaintes de sa fille, ne sont jamais abordées dans l'entretien alors que la justice enquête sur ses dons au parti présidentiel.

Liliane Bettencourt annonce sa volonté de mettre à l'écart le photographe François-Marie Banier, à qui elle a donné près d'un milliard d'euros de 2002 à 2007, un fait qui est à l'origine de toute l'affaire. Il est poursuivi pour "abus de faiblesse" par Françoise Meyers.

"Je dois respirer et avec lui, je m'aperçois maintenant que je ne peux pas respirer. Je trouve cela dommage après tant d'années, mais il est devenu trop fatigant", dit-elle. Elle a annulé fin août le testament qui en faisait son légataire universel.

Priée de dire pourquoi elle lui a donné tant d'argent, elle répond: "Parce qu'il en demandait ! J'imagine que c'est une déformation ancestrale chez lui. C'est quelqu'un qui veut toujours plus, toujours plus gros". Elle ajoute: "Je dis juste à Françoise comme à lui: arrêtons les frais".

DE MAISTRE DEVRA "RÉGULARISER"

Des enregistrements clandestins de conversations entre la milliardaire et son gestionnaire de fortune Patrice de Maistre, réalisés par un employé et à l'origine de plusieurs enquêtes de police, ont montré qu'elle ne se souvenait pas avoir fait de François-Marie Banier son héritier.

Liliane Bettencourt maintient en revanche sa confiance à Patrice de Maistre, mis en cause dans les enquêtes pour avoir organisé l'évasion fiscale d'une partie de sa fortune.

Patrice de Maistre, qui employait l'épouse du ministre du Budget, Eric Woerth, après l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, est accusé par un témoin d'avoir apporté un financement illégal à la campagne présidentielle de 2007.

"Patrice est un homme que j'aime beaucoup, c'est quelqu'un de très intelligent, quelqu'un de très bien", dit-elle.

Elle laisse entendre qu'il aura pour mission de régulariser sa situation fiscale et donc solder la fraude opérée en Suisse, où étaient placés au moins 80 millions d'euros, et aux Seychelles, où l'île d'Arros était dissimulée aux impôts.

"Des bêtises ont été faites, il y a bien longtemps. On prend des coups mais on régularise tout. Maintenant, c'est à lui de s'en occuper", dit-elle.

La milliardaire exclut tout rapprochement avec sa fille, à laquelle elle impute la diffusion à la presse des enregistrements clandestins.

"Lorsque les gens ne se comprennent pas, eh bien, ils ne se comprennent pas. On passe l'une à côté de l'autre. Dans la vie, ce qui fait le plus souffrir, c'est l'amour", dit-elle.

Elle estime que Françoise Meyers, qui détient en nue-propriété avec ses deux fils environ 30% du capital de L'Oréal, n'est pas capable de diriger la société.

"Je ne l'ai jamais sentie menée par mon désir de bouger, de faire avancer nos affaires", dit-elle.

L'héritière de L'Oréal refuse à nouveau l'expertise psychiatrique requise à plusieurs reprises par la justice et Françoise Meyers pour déterminer son état mental. Sa fille affirme qu'elle souffre d'une maladie neurologique qui lui retire par intermittence la conscience de ses actes.

"Pourquoi y aller, si je n'y suis pas obligée ? Pour dire que ça m'arrive de fatiguer, de me sentir endormie ? Eh bien c'est dit", déclare-t-elle

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse