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Police-Justice

Les zones d'ombre autour de la fuite du convoyeur de fonds

La police lors de l'arrestation d'Adrien Derbez, convoyeur de fonds, à Amiens, le mardi 12 février 2019.

La police lors de l'arrestation d'Adrien Derbez, convoyeur de fonds, à Amiens, le mardi 12 février 2019. - BFMTV

Antécédents judiciaires, accès au coffre du fourgon et éventuels complices, une partie du butin encore introuvable... De nombreuses zones d'ombres subsistent après la fuite d'Adrien Derbez, le convoyeur de fonds interpellé mardi à Amiens.

La cavale d’Adrien Derbez, le convoyeur de fonds disparu avec les 3,4 millions d’euros de son fourgon, s’est achevée à Amiens, mardi après-midi. Une femme et deux hommes ont également été interpellés. L’enquête, qui débute tout juste, va devoir faire la lumière sur plusieurs zones d’ombre afin d’expliquer comment cet homme, décrit comme “Monsieur-tout-le-monde”, a pu prendre la fuite.

Connu des services de police

L’individu de 27 ans, qui résidait à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) était connu des services de police pour des délits mineurs. Il était inscrit au fichier du traitement des antécédents judiciaires (TAJ) pour “refus d’obtempérer” et “dégradations”, des faits commis à Amiens en 2015.

Un convoyeur de fonds doit disposer d’une carte professionnelle délivrée par le Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS), une autorité rattachée au ministère de l’Intérieur. Cette carte, renouvelée tous les cinq ans, est donnée à la suite d'une enquête de moralité, nous précise le CNAPS, qui vérifie notamment l’historique de moralité du demandeur en consultant les fichiers du TAJ, du bulletin numéro 2 du casier judiciaire et du Fichier des Personnes recherchées (FPR).

Depuis 2018, ces derniers effectuent des rétrocontrôles sur tous les individus encartés, ce qui signifie qu'Adrien Derbez n'aurait bientôt plus pu travailler dans cette profession.

Un accès au coffre du fourgon a priori impossible

Lundi, Adrien Derbez avait déposé ses deux collègues près d'une agence Western Union à Aubervilliers. "Alors que ces derniers pénétraient dans l'agence, lui est resté au volant. À leur retour, le fourgon et le chauffeur avaient disparu", avait rapporté une autre source proche du dossier.

Des mesures de sécurité prévoient pourtant que le conducteur de fourgon n’a, normalement, pas accès au butin à l’arrière dans le coffre. La (ou les) personne(s) présente(s) dans la cabine de conduite ne sont pas en contact avec la section arrière du véhicule qui contient l’argent.

Une source spécialiste de ces transports sensibles précise néanmoins "qu'il arrive que l'un des convoyeurs ouvre la porte centrale pendant une mission, afin de pouvoir échanger durant le trajet". Une pratique généralement interdite par le règlement interne des entreprises de transport de fonds.

L'ombre d'éventuels complices

Les enquêteurs vont devoir déterminer si l'Amiénois a bénéficié d'une aide, interne à l'entreprise Loomis, ou externe. La police va notamment chercher à savoir si les autres membres du convoi n'ont pas facilité sa fuite. Lundi, le fourgon avait été retrouvé peu après, à quelques rues du point de collecte.

Officiellement, les convoyeurs ne sont informés que le jour-même de leur trajet de mission, "mais dans les faits, il arrive que les points de collecte se répètent sur plusieurs jours", nous confie la même source. Adrien Derbez a donc pu informer une personne extérieure de la localisation de son convoi. 

D'après les informations de BFMTV, il manque la moitié du butin dérobé, soit 1,5 million d'euros environ. La brigade de répression du banditisme (BRB) avait retrouvé plusieurs sacs de billets lors de son interpellation. Le reste est à l'heure actuelle introuvable.

Esther Paolini