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Police-Justice

Les supérieurs de kerviel chargent l'ex-trader de socgen

Les anciens responsables hiérarchiques de Jérôme Kerviel ont contesté lundi, lors de la neuvième audience du procès, avoir eu connaissance et cautionné les positions vertigineuses de l'ancien trader de la Société générale. /Photo prise le 8 juin 2010/REUT

Les anciens responsables hiérarchiques de Jérôme Kerviel ont contesté lundi, lors de la neuvième audience du procès, avoir eu connaissance et cautionné les positions vertigineuses de l'ancien trader de la Société générale. /Photo prise le 8 juin 2010/REUT - -

par Thierry Lévêque et Matthieu Protard PARIS (Reuters) - Les anciens responsables hiérarchiques de Jérôme Kerviel ont contesté lundi avoir eu...

par Thierry Lévêque et Matthieu Protard

PARIS (Reuters) - Les anciens responsables hiérarchiques de Jérôme Kerviel ont contesté lundi avoir eu connaissance et cautionné les positions vertigineuses de l'ancien trader de la Société générale.

Lors de la neuvième audience du procès, Eric Cordelle et Martial Rouyère, tous deux licenciés par la SocGen, ont aussi expliqué que le rythme de travail effréné des traders, intensifié par la crise financière, ne leur avait pas permis de contrôler correctement les activités de Jérôme Kerviel.

"C'est de la mythomanie", réagit Martial Rouyère, cité comme témoin par la défense, quand on lui demande s'il connaissait les positions de Jérôme Kerviel comme celui-ci l'affirme depuis le début de son procès.

"C'est un mensonge éhonté. Personne n'était au courant ni ne cautionnait de telles opérations", a ajouté celui qui était encore le supérieur hiérarchique d'Eric Cordelle début 2008.

Les deux hommes ont expliqué au tribunal avoir été bernés par le comportement de Jérôme Kerviel qu'ils ont pourtant décrit comme quelqu'un de "sérieux" et "de confiance".

"Cette confiance a été largement bafouée", a déclaré Martial Rouyère. "Je comptais sur Jérôme Kerviel pour épauler Eric Cordelle".

"Jérôme a toujours su trouver des raisonnements, des explications convaincantes. Il mentait du début à la fin et chaque fois qu'il disait quelque chose, c'était crédible", a de son côté dit Eric Cordelle qui est devenu le responsable hiérarchique direct de Jérôme Kerviel en avril 2008.

Philippe Baboulin, lui-même responsable hiérarchique de Martial Rouyère, a abondé dans le même sens : "Il a menti à tout le monde pendant plusieurs mois", a-t-il dit.

UN "PARACHUTE DORÉ"

La défense de Jérôme Kerviel a contre-attaqué en mettant en cause la compétence des anciens responsables de l'ex-trader et la sincérité de leur témoignage.

Me Olivier Metzner a fait projeter à l'audience un courriel envoyé à Martial Rouyère mentionnant un volume d'achats de dizaines de milliers de contrats passés par Jérôme Kerviel, représentant 14 milliards d'euros d'engagements.

"A quoi vous servez Monsieur?", lance Me Olivier Metzner à Martial Rouyère qui, selon l'avocat, a quitté la SocGen moyennant un "parachute doré" de 750.000 euros.

Comme Martial Rouyère, Eric Cordelle a déclaré qu'il n'avait pas reçu ni été informé des alertes en provenance d'Eurex, le marché allemand des produits dérivés.

"Je recevais 300 mails par jour", a insisté l'ancien responsable de Jérôme Kerviel. "Je devais traiter plusieurs dizaines d'urgences quotidiennes".

Reconnaissant ne pas maîtriser complètement le vocabulaire des traders, il a déploré le manque "de formation et de moyens" pour contrôler l'activité des traders sous sa responsabilité, tâche rendue encore plus difficile par la cadence de travail dans la salle des marchés.

"L'ensemble de la chaîne était sous l'eau, il y avait trop de travail", a-t-il dit.

SURMENAGE DES TRADERS

Martial Rouyère a confirmé qu'en 2007, les traders étaient "surmenés" compte tenu de l'éclatement de la crise des subprimes, les crédits immobiliers à risques.

"On est passé d'une situation tendue à une situation presque intenable", a-t-il souligné.

En 2007, quand Jérôme Kerviel a pris des positions pour des dizaines de milliards d'euros, l'ex-trader de la SocGen n'a pris que quatre jours de vacances sur toute l'année, avec l'accord de la hiérarchie.

Plusieurs témoins ont expliqué au cours du procès que ce comportement aurait dû alerter la banque.

"Il y avait une hypocrisie du management de la Société générale. Quand un trader disait qu'il ne partait pas, on disait 'c'est pas bien' mais ça arrangeait tout le monde", a souligné Eric Cordelle.

Comme Martial Rouyère, il a aussi indiqué que l'avertissement verbal qu'avait reçu Jérôme Kerviel en 2005 ne lui avait pas été rapporté quand il a pris ses fonctions comme responsable dans la salle des marchés de la SocGen.

"Je lui en veux, il a démoli ma vie personnelle et professionnelle", a fait savoir Eric Cordelle.

Edité par Yves Clarisse