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Police-Justice

Les restes présumés de Kieffer remis à un juge français

Les autorités militaires ivoiriennes ont remis vendredi à Abidjan au juge français Patrick Ramaël (de dos, avec les béquilles) les restes présumés du journaliste Guy-André Kieffer, disparu en avril 2004 alors qu'il enquêtait, semble-t-il, sur une affaire

Les autorités militaires ivoiriennes ont remis vendredi à Abidjan au juge français Patrick Ramaël (de dos, avec les béquilles) les restes présumés du journaliste Guy-André Kieffer, disparu en avril 2004 alors qu'il enquêtait, semble-t-il, sur une affaire - -

ABIDJAN/PARIS (Reuters) - Les autorités militaires ivoiriennes ont remis vendredi à Abidjan au juge français Patrick Ramaël les restes présumés du...

ABIDJAN/PARIS (Reuters) - Les autorités militaires ivoiriennes ont remis vendredi à Abidjan au juge français Patrick Ramaël les restes présumés du journaliste Guy-André Kieffer, disparu en avril 2004 alors qu'il enquêtait, semble-t-il, sur une affaire de malversation dans la filière cacao.

Le colonel Diarassouba Bakary, chef des opérations à l'état-major de l'armée (FRCI) à Abidjan, a remis les sacs contenant les ossements qui pourraient être ceux du journaliste franco-canadien au magistrat français devant le camp militaire français du 43e BIMa, en bordure de l'aéroport international.

"Ce qui s'est passé, c'est que nous avons découvert des restes humains à Issia (dans le centre de la Côte d'Ivoire, NDLR), et ce sont ces restes que nous avons convoyés jusqu'au 43e BIMa avec le juge et deux gendarmes français", a déclaré à l'agence Reuters le colonel Bakary.

"Maintenant, il reste à la justice, avec toutes ses procédures, à voir exactement si c'est le corps de Kieffer. La suite maintenant concerne la justice française", a-t-il dit.

D'après un autre officier ivoirien, le corps a été découvert sous un pont, aux abords d'un marécage dans le village de Yaokro, à 20 km d'Issia, localité située à 270 km au nord-ouest de la capitale économique ivoirienne.

"Nous poursuivons l'enquête à Issia où nous disposons d'un témoin qui a assisté à tout ce qui s'est passé et qui a été entendu", a déclaré à Reuters le lieutenant Alassane Doumbia, chef des opérations à Issia. "Nous faisons confiance à la justice pour élucider cette enquête et apaiser la famille de Kieffer".

Le frère du journaliste, Bernard Kieffer, a pour sa part accrédité la thèse selon laquelle il s'agirait bien des restes de Guy-André Kieffer. "Cela ne fait guère de doute parce que le juge (français) va disposer d'informations très précises qui donnent à penser que c'est bien lui, en effet, (...) qui a été inhumé à cet endroit", a-t-il dit sur i>TELE.

"Le propriétaire du terrain (...) a assisté à l'époque des faits à l'inhumation du corps et il a reconnu mon frère dans des photos qui ont parues dans la presse ivoirienne".

LES INTERROGATIONS DE RSF

Après la découverte, des prélèvements ont été envoyés en France pour une éventuelle confirmation par expertise génétique, selon la chaîne de télévision France 3.

A Paris, l'ONG Reporters Sans Frontières estime que l'enquête progresse tout en appelant à la prudence. "C'est la première fois, depuis près de huit ans, que l'enquête va si loin. (...) Nous ne sommes pas encore au bout du chemin menant à la manifestation de la vérité. (...) il restera à confondre les coupables et les commanditaires.

"Qui exactement a enlevé le journaliste ? Qui l'a tué ? Pourquoi ? Plusieurs personnes citées dans ce dossier et soupçonnées d'être impliquées ne sont pas inquiétées", s'interroge RSF dans un communiqué diffusé samedi.

La justice française examine l'hypothèse d'un crime à mobile politique qui impliquerait l'entourage de l'ancien président Laurent Gbagbo, capturé le 11 avril 2011 à Abidjan après des mois de guerre civile consécutifs à sa contestation de l'élection de son rival Alassane Ouattara, aujourd'hui au pouvoir.

Guy-André Kieffer, journaliste indépendant, collaborait notamment à "La Lettre du Continent" et était spécialisé dans les questions de matières premières, notamment le cacao, dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial. Son entourage affirme qu'il enquêtait sur des malversations.

Les enquêteurs français, après plusieurs déplacements antérieurs sur place, ont établi qu'il avait été enlevé sur un parking d'Abidjan le 16 avril 2004.

L'épouse de Laurent Gbagbo a été entendue comme témoin en avril 2009 par le juge français, ainsi que l'ancien ministre de l'Economie ivoirien Paul-Antoine Bohoun Bouabré, dans le cadre de l'information ouverte à Paris pour "enlèvement et séquestration".

Un ancien membre des services spéciaux ivoiriens, Jean-Tony Oulaï, est mis en examen en France.

Laurent Gbagbo est actuellement poursuivi devant la Cour pénale internationale, aux Pays-Bas, pour des crimes contre l'humanité commis pendant la guerre civile. Ces poursuites ne concernent pas le dossier Kieffer.

Ange Aboa, avec Thierry Lévêque à Paris, édité par Jean-Loup Fiévet