Les plaintes se multiplient contre Servier pour le Mediator

PARIS (Reuters) - Les plaintes pour tromperie aggravée et escroquerie s'accumulent contre le laboratoire Servier, qui a fabriqué et commercialisé pendant plus de trente ans le Mediator, soupçonné d'avoir provoqué la mort d'au moins 500 personnes en France.

La Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) et la Fédération nationale de la mutualité française (FNMF) ont porté plainte vendredi dernier, suivies en début de semaine par la Mutualité sociale agricole (MSA) et le Régime social des indépendants (RSI).

Tous portent plainte pour le préjudice lié au remboursement du Mediator, que Servier présentait comme un médicament antidiabétique mais qui serait en réalité un puissant coupe-faim.

Selon le cabinet de Me Maisonneuve, qui représente la FNMF, la Mutualité française estime son préjudice à 98,9 millions d'euros et la Cnam à 220 millions.

En parallèle des centaines de plaintes pour homicides et blessures involontaires, une victime présumée du Mediator a lancé cette procédure pour tromperie devant le tribunal correctionnel de Nanterre.

Une première audience de procédure est prévue vendredi et une audience sur le fond pourrait se tenir dès cette année.

L'association de consommateurs CLCV a annoncé mardi avoir également assigné Servier devant le TGI de Nanterre pour tromperie aggravée.

Le laboratoire, qui dit avoir plus de 20.000 collaborateurs dans le monde, a commercialisé le Mediator comme un médicament pour diabétiques de 1976 jusqu'à son retrait du marché en 2009.

Selon le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) rendu public mi-janvier, le Mediator est en fait un puissant anorexigène et Servier a trompé les acteurs de la chaîne du médicament pour pouvoir le vendre sous une autre indication pharmacologique.

Le principal assureur de Servier, Axa, a fait savoir fin janvier qu'il refusait de couvrir les risques liés au Mediator, ce qui pourrait obliger le laboratoire à indemniser seul les victimes.

Les doutes sur l'utilité médicale et la nocivité de ce médicament, prescrit à au moins cinq millions de personnes entre 1976 et 2009, étaient connus depuis la fin des années 1990.

Selon Le Figaro, une expertise judiciaire datée de décembre 2010 a clairement établi, pour la première fois, le lien entre la prise du Mediator et une pathologie cardiaque chez une patiente lyonnaise âgée de 64 ans qui a porté plainte en février 2010.

Le médicament lui avait été prescrit en 2004 pour réduire son taux de sucre dans le sang.

Laure Bretton, édité par Patrick Vignal