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Police-Justice

Les nationalistes corses s'invitent à la fin du procès Colonna

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PARIS (Reuters) - La défense d'Yvan Colonna a terminé vendredi sur un ton politique deux jours de plaidoiries pour tenter d'obtenir son...

PARIS (Reuters) - La défense d'Yvan Colonna a terminé vendredi sur un ton politique deux jours de plaidoiries pour tenter d'obtenir son acquittement pour l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998.

Les élus nationalistes Jean-Guy Talamoni et François Sargentini se sont notamment assis dans le public de la cour d'assises spéciale, avec également Edmond Simeoni, figure du nationalisme corse et père d'un des avocats d'Yvan Colonna, Gilles Simeoni, lui-même élu de l'Assemblée territoriale.

L'accusation a demandé lundi la peine maximale, la réclusion à perpétuité avec 22 ans de sûreté. Le verdict sera rendu lundi après les derniers mots de l'accusé. La décision sera, fait quasi inédit, motivée par écrit, concernant ce qui demeure le crime politique le plus grave en 40 ans de violence sur l'île.

Condamné deux fois à perpétuité en 2007 et 2009 mais rejugé après une cassation, Yvan Colonna, qui se dit innocent, est présenté comme une victime-symbole de l'arbitraire par les partisans de l'indépendance et de l'autonomie.

Ces mouvements ont en général toujours exprimé une position ambigüe sur l'assassinat, expliquant qu'ils condamnaient "l'acte mais pas ses auteurs".

Au terme de cinq semaines de débats, Mes Gilles Simeoni et Antoine Sollacaro ont estimé que la mise en cause d'Yvan Colonna avait servi ce qui est vu comme la raison d'Etat.

"C'est l'Etat qui a fait de lui un coupable", a dit Me Antoine Sollacaro, qui a conclu sa plaidoirie par : "je vous supplie d'acquitter Colonna".

Pour lui, "Yvan Colonna est un leurre jeté à la justice et aux enquêteurs". Il explique ainsi le fait que cinq membres du commando de tueurs et quatre de leurs épouses ou compagnes l'aient mis en cause pendant plusieurs années, avant de se rétracter.

Les rétractations, jugées déjà confuses, sont d'autant moins crédibles pour l'accusation que le procès a mis au jour le fait qu'Yvan Colonna semble avoir menacé par écrit un des acteurs pour qu'il dépose en sa faveur.

Me Sollacaro s'en est pris dans sa plaidoirie aux accusateurs de son client, qualifiant ainsi Alain Ferrandi, chef supposé du commando, de "prétentieux et haineux".

Me Eric Dupond-Moretti, spécialiste réputé des assises recruté pour ce troisième procès du berger corse, devait initialement plaider en dernier, selon un programme annoncé à la cour d'assises.

Sur initiative apparente de l'accusé, il a finalement été relégué au milieu des plaidoiries, jeudi, avant les défenseurs plus "politiques" de l'accusé et la venue des élus indépendantistes dans le public.

Me Dupond-Moretti a tenté de soutenir une ligne de défense plus proche du dossier, dénonçant les irrégularités de la procédure policière et judiciaire, soulignant l'absence de preuves formelles et critiquant la valeur probatoire des mises en cause.

Thierry Lévêque, édité par Patrick Vignal