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Police-Justice

Les motards vent debout contre la limitation de vitesse à 80 km/h

Des milliers de motards en colère manifestent samedi, ici à Vincennes, contre une éventuelle limitation de vitesse à 80 km/h sur le réseau secondaire

Des milliers de motards en colère manifestent samedi, ici à Vincennes, contre une éventuelle limitation de vitesse à 80 km/h sur le réseau secondaire - -

Des milliers de motards en colère manifestent samedi contre une éventuelle limitation de vitesse à 80 km/h sur le réseau secondaire qu'ils jugent contreproductives.

De Paris à Lyon en passant par Amiens, Rennes ou Antibes, des milliers de motards en colère manifestent samedi contre une éventuelle limitation de vitesse à 80 km/h sur le réseau secondaire, "surenchère sécuritaire" et "politique du bâton" qu'ils jugent contreproductives.

Motos japonaises, américaines, side-car, Harley Davidson... sont rassemblés en début d'après-midi sur l'esplanade du château de Vincennes où les motards, souvent des hommes en blouson de cuir noir, attendent de défiler dans Paris en grignotant un sandwich merguez sous le soleil.

Des fanions blancs et rouges "Non à la baisse des limitations de vitesse" ou "Répression routière, trop c'est trop" sont fixés aux guidons des motos.

"Former les citoyens dès l'école"

"Ce n'est pas la vitesse qui tue sur les routes, c'est le comportement des gens. Il faut former les citoyens dès l'école", dit Jean-Marc Belotti, président de la Fédération française des motards en colère (FFCM) Paris, qui s'attend à 6.000 personnes dans la capitale et "plusieurs dizaines de milliers de personnes en France".

"On s'attaque à un faux problème", déplore aussi à Lyon David Thomas, coordinateur des "motards en colère 69", alors que plusieurs centaines de motards affluent place Bellecour en faisant ronfler leurs moteurs.

Quelque 3.500 manifestants sont attendus, selon lui, et prévoient de mener une opération escargot autour de Lyon. Il vont notamment emprunter une partie de l'A6 au nord de la ville, ce qui risque d'accentuer les bouchons des départs en vacances de Pâques.

Des manifestations sont prévues samedi et dimanche dans plus de 70 villes à l'appel de la FFMC, avec le soutien de l'association de l'Union des usagers de la route (UUR) ou encore de l'association 40 millions d'automobilistes.

Baisse spectaculaire de la mortalité

"Tous les usagers sont invités à rejoindre les motards, car tous sont concernés par l'inflation sécuritaire et les politiques répressives injustifiées", jugeait l'UUR à la veille des manifestations.

Le Centre national de la sécurité routière (CNSR) doit étudier le 16 mai des recommandations pour réduire le nombre d'accidents de la route. Parmi elles, le passage de 90 à 80km/h de la vitesse autorisée sur les routes secondaires, où ont lieu 66% des accidents. Son avis est consultatif et la décision reviendra au ministre de l'Intérieur.

Selon les spécialistes de la sécurité routière, les limitations de vitesse, contrôlées depuis dix ans par les radars automatiques, ont participé à la baisse spectaculaire de la mortalité routière, passée de 7.242 tués en 2002 à 3.250 en 2013.

L'objectif désormais fixé par le ministère de l'Intérieur: passer sous la barre des 2.000 d'ici 2020.

"Prolonger la rentabilité" des radars

Mais pour les motards en colère, envisager la baisse des accidents uniquement par le biais d'un abaissement de la vitesse, en vertu de formules mathématiques "contestables", revient à ignorer les autres causes telles que "le manque de vigilance, le non-respect des distances de sécurité, l'usage du téléphone en conduisant..."

L'objectif d'une nouvelle réduction de la vitesse viserait aussi, selon elle, à "prolonger la rentabilité" des radars automatiques.

Comme "propositions alternatives", la FFMC demande notamment un renforcement de la formation initiale et continue des conducteurs et une amélioration des infrastructures routières, prenant en particulier en compte la vulnérabilité des deux-roues motorisés.

"On ne fait de la sécurité routière que par la politique du bâton, alors qu'on peut faire d'autres choses, comme améliorer les glissières de sécurité ou l'éclairage sur les autoroutes", suggère ainsi le président des motards en colère parisiens.

"Nos dirigeants nous prennent pour des ânes avec leurs mesures de sécurité tirelire (...). Ca suffit! Vive la moto, vive la liberté", a lancé Jean-Marc Belotti à l'adresse des manifestants.

C.P. avec AFP