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Police-Justice

Les irradiés d'Epinal attendent réparation

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Deux médecins, un radiophysicien et des cadres de santé publique sont jugés lundi pour des négligences qui auraient entraîné la surirradiation de milliers de patients.

A qui la faute ? A partir de lundi et jusqu'au 31 octobre, le tribunal correctionnel de Paris va devoir répondre à cette épineuse question dans l'affaire des surirradiés d'Epinal. Et ainsi éclairer les interrogations toujours douloureuses de centaines de victimes, présentes sur les bancs des parties civiles.

A l'été 2005, des patients de l'hôpital Jean-Monnet d'Epinal, traités pour des cancers de la prostate, se sont vus frappés d'un curieux mal.

Tous ont été traités par radiothérapie, une technique qui permet de détruire les cellules tumorales de manière ciblée. Au mois d'octobre, sept d'entre eux ont été informés d'un dysfonctionnement de l'appareil de radiothérapie qui les a traités : ils ont été surirradiés. Les douleurs qu'ils ressentent ne sont pas le fait du cancer, mais de dysfonctionnements et d'erreurs humaines.

5.500 surirradiés potentiels

En tout, vingt-trois victimes "d'accidents de radiothérapie" de l'hôpital sont identifiés par l'ARH, l'Agence régionale de l'hospitalisation, entre mai 2004 et mai 2005. Un 24e sera découvert plus tard, puis des centaines d'autres, de 2001 à 2006. En tout, 5.500 personnes traitées à Epinal depuis 1987 sont susceptibles d'avoir été surirradiées à des degrés divers. Des blessures irréversibles. Rectums, intestins et vessies brûlés par les rayons. Sept personnes décèderont des suite de cette surexposition.

Des années plus tard, l'enjeu du procès qui s'ouvre n'est pas financier. Environ 500 victimes ont déjà été indemnisées pour leur préjudice corporel par l'assurance de l'hôpital. Mais pour les victimes, le plus important, c'est de savoir comment l'établissement, bien loin de soigner, a pu faire autant de mal, durant autant de temps.

Négligences et dysfonctionnements

Le rapport d'instruction a déjà mis en lumière deux causes principales. Des erreurs de paramétrage d'un logiciel, lors du passage à une nouvelle génération d'appareil en 2004. Et la non-prise en compte des doses d'irradiations de contrôle, délivrées avant le traitement, dans le calcul final des radiations.

Les erreurs résulteraient donc d'imprudences des deux médecins radiothérapeutes et du radiophysicien de l'hôpital, tous trois renvoyés devant le tribunal correctionnel de Paris pour "homicides et blessures involontaires". A leurs côtés sur le banc des prévenus, la directrice de l'hôpital, l'hôpital comme personne morale, la directrice de la Ddass et le directeur de l'ARH, poursuivis pour "non-assistance à personne en danger".