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Police-Justice

Les explications du réfugié afghan condamné à 10 mois de prison avec sursis pour avoir quitté son hôtel

Mercredi soir, la justice a condamné à dix mois de prison avec sursis un réfugié afghan, arrivé depuis peu à Paris, pour avoir quitté la zone de surveillance que lui avait imposée le ministère de l'Intérieur. Il a tenté de s'expliquer à l'audience, sans convaincre.

Accueilli par la France qui l'a évacué de Kaboul, Ahmad, 30 ans, avait été placé en garde à vue peu après son arrivée, dès lundi. Jugé en comparution immédiate, il a été condamné mercredi soir à dix mois de prison avec sursis.

La raison? Le rapatrié n'a pas respecté le périmètre de la zone de surveillance auquel le ministère de l'Intérieur l'avait astreint, quittant, sans permission aucune, l'hôtel de Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis, où il était censé résider au titre de la "mesure individuelle de contrôle administratif et de surveillance" (micas) dont il faisait l'objet.

Il avait en effet été surpris dans une épicerie du 18e arrondissement de Paris. Il a bien tenté d'établir sa bonne foi à l'audience mais, si ses explications n'ont pas convaincu, elles aident à préciser les circonstances de l'affaire et le profil du condamné.

Maux de tête

Il s'agissait d'abord pour Ahmad de justifier son escapade parisienne illégale. "Vous dites que vous étiez malades – maux de tête, vomissements – et que vous souhaitiez acheter des médicaments. C’est bien ça?" a introduit la présidente du tribunal.

"Oui, mon voisin m’a dit qu’on allait faire une course. Je lui ai dit que j’avais des maux de tête. Il m’a dit : ‘Viens avec moi’. On a pris le train. Il m’a dit : ‘Ne t’inquiète pas’", a-t-il répondu depuis son box où il était assisté d'un interprète.

L'intervention de son avocate, Alice Ouaknine, devant notre caméra en marge de la séance a souligné le caractère un brin tortueux de ces explications: "Sa version à lui, c’est qu’il était malade, souhaitait acheter des médicaments et que du coup, il s’était fait accompagner par quelqu’un qui connaissait mieux que lui Paris. Bien que lui, il a précisé qu’il n’avait pas l’intention d’aller à Paris."

Il se dit fils de policier et procureur

Un récit qui s'embrouille encore davantage lorsqu'on sait que, entendu par les enquêteurs, le voisin en question a assuré que c'était Ahmad, au contraire, qui était venu le trouver pour lui demander de le suivre à Paris où il comptait se rendre pour "acheter des cartes SIM".

Le tribunal ne siégeait que pour juger le non-respect par le réfugié de sa "micas". Mais difficile d'ignorer la problématique transparaissant en filigrane du dossier examiné par la justice: car si la Place-Beauvau l'avait à l'oeil initialement c'est que l'homme est soupçonné, aux côtés de quatre autres individus, d'entretenir des liens avec les talibans.

L'enjeu pour lui était donc également de se disculper sur ce point. Il a affirmé n'avoir rien d'un sympathisant des nouveaux seigneurs de Kaboul, et au contraire avoir voulu fuir la capitale afghane avec son épouse et sa fille, de peur d'être poursuivi et persécuté par ses derniers en raison de son état-civil et de ses états de service. Il s'est ainsi présenté comme "fils de policier" et exerçant lui-même le métier de procureur.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV