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Police-Justice

Les défenseurs des Roms lancent un appel à la résistance

La police française évacue un camp illégal de Roms à Mons-en-Baroeul, près de Lille. Les associations de défense des droits de cette communauté ont lancé jeudi un appel à la résistance contre la politique sécuritaire "raciste" du gouvernement, qui continu

La police française évacue un camp illégal de Roms à Mons-en-Baroeul, près de Lille. Les associations de défense des droits de cette communauté ont lancé jeudi un appel à la résistance contre la politique sécuritaire "raciste" du gouvernement, qui continu - -

par Vincent Chauvet PARIS (Reuters) - Les associations de défense des droits des Roms ont lancé jeudi un appel à la résistance contre la politique...

par Vincent Chauvet

PARIS (Reuters) - Les associations de défense des droits des Roms ont lancé jeudi un appel à la résistance contre la politique sécuritaire "raciste" du gouvernement, qui continue à susciter de vives critiques, notamment de l'Eglise.

Le collectif Romeurope a présenté son rapport annuel sur la situation des Roms alors que deux nouveaux vols, transportant quelque 300 membres de cette communauté dont les camps ont été démantelés, ont quitté jeudi la France pour Bucarest.

"Il est urgent d'arrêter cette chasse aux Roms qui est clairement discriminatoire et raciste", a déclaré Malik Salemkour, vice-président de la Ligue des Droits de l'Homme.

"La communauté Rom est devenue une sorte de laboratoire juridique pour tester la réduction des droits des étrangers, pour ensuite l'étendre à d'autres nationalités", a-t-il ajouté, accusant le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, de "profilage ethnique" après ses déclarations sur l'augmentation de la criminalité des Roumains en France.

La LDH côtoie au sein de Romeurope une myriade de mouvements, de Médecins du Monde au Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) en passant par des associations confessionnelles comme le Secours Catholique.

Les associations de soutien aux Roms ont lancé "un appel aux citoyens et aux collectivités locales à entrer en résistance pour assurer la mise à l'abri des Roms se trouvant en France".

Médecins du Monde (MDM) s'est dit contraint d'installer des camps de déplacés sur le modèle de ceux déployés dans les zones de conflits pour accueillir les Roms expulsés par la police.

"Dans la population Rom de France, ce sont neuf enfants sur dix qui n'ont pas eu accès aux vaccinations de base", a expliqué un responsable de cette ONG, Jean-François Corty, dénonçant un contexte policier qui crée une "peur panique parmi les migrants et aggrave la situation de crise sanitaire".

"SCOLARISATION SANS DISCRIMINATION"

Romeurope demande le droit au séjour, au travail, au logement, a l'éducation et à la santé pour les migrants et la levée des mesures transitoires mises en place lors de l'élargissement de l'Union européenne "qui restreignent l'accès au travail" pour les Roumains et les Bulgares.

Il exige notamment "la scolarisation sans discrimination, inscrite dans la Convention internationale des Droits de l'Enfant", alors que 5.000 à 6.000 enfants Roms vivant en France se verraient selon ses estimations exclus de fait du système scolaire, contre la volonté des familles.

Ce rapport est publié alors que la polémique ne faiblit pas en France sur la politique du gouvernement à l'égard des Roms.

L'archevêque de Paris, André Vingt-Trois, a déploré jeudi qu'un "climat malsain" soit en train de s'installer en France.

Le président de la Conférence des évêques de France a dénoncé sur Europe 1 "une sorte de concours de celui qui paraîtra le plus sécuritaire", estimant que "la mise en oeuvre de la loi n'est pas forcément toujours morale".

Il s'est dit disposé à rencontrer le ministre de l'Intérieur, comme l'a proposé Brice Hortefeux.

"J'y vais pour lui dire ce que pensent les catholiques, la manière dont ils éprouvent les mesures qui sont prises (...) et pour lui rappeler qu'il y a un certain nombre de limites qu'il ne faut pas franchir", a expliqué Mgr Vingt-Trois.

Les Français sont quant à eux partagés: près de la moitié d'entre eux (48%) se disent favorables aux reconduites de Roms en Roumanie, dans un sondage CSA pour Le Parisien paru jeudi, mais 42% des personnes interrogées s'y déclarent opposées.

La Roumanie, dont deux ministres étaient à Paris jeudi pour débattre du dossier avec les autorités françaises, se sont pour leur part engagés à faire plus pour mieux intégrer les Roms.

Valentin Mocanu, secrétaire d'Etat roumain en charge du dossier, a déclaré lors d'une conférence de presse que des "mesures immédiates" seraient prises pour aider les familles à se réinstaller, à trouver du travail et à éduquer leurs enfants.

Plus de 10 millions de Roms vivent dans l'Union européenne, dont un cinquième en Roumanie, et l'UE a dégagé un budget de 17,5 milliards d'euros pour contribuer à leur intégration.

Avec Bate Felix, édité par Yves Clarisse