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Police-Justice

Les clandestins corses revendiquent une série d'attentats

Des militants encagoulés du FLNC. Le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) a revendiqué samedi une trentaine d'attentats à l'explosif commis en mai sur l'île contre des résidences appartenant à des "continentaux" ou à des étrangers. Image d'arc

Des militants encagoulés du FLNC. Le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) a revendiqué samedi une trentaine d'attentats à l'explosif commis en mai sur l'île contre des résidences appartenant à des "continentaux" ou à des étrangers. Image d'arc - -

par Roger Nicoli PARIS (Reuters) - Le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) a revendiqué samedi une trentaine d'attentats à l'explosif...

par Roger Nicoli

PARIS (Reuters) - Le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) a revendiqué samedi une trentaine d'attentats à l'explosif commis en mai sur l'île contre des résidences appartenant à des "continentaux" ou à des étrangers.

Dans ce communiqué, le premier du groupe armé depuis l'élection de François Hollande à la présidence le 6 mai, le FLNC appelle à "un processus de règlement politique de la question nationale corse" et se défend de toute intention agressive envers le nouveau pouvoir.

"Nos actions de ces derniers jours étaient prévues de longue date et reportées pour cause d'élections. En aucun cas elles ne constituent une mise en garde ou une menace en direction du pouvoir politique en place", lit-on dans le communiqué authentifié que Reuters a reçu avec d'autres médias.

Le FLNC, qui dit avoir unifié les mouvances clandestines, a relancé la violence politique apparue dans les années 1970 sur l'île et jamais vraiment interrompue depuis, avec ces derniers mois une série d'attentats et une "nuit bleue" du 10 au 11 mai.

Cette pratique du terrorisme local visant à montrer la capacité d'un groupe a consisté en cette occasion à détruire ou endommager 17 résidences en divers endroits de l'île.

Le FLNC prétend par ces actions s'en prendre à la "spéculation" qui serait une "menace pour le peuple corse" car, à ses yeux, l'afflux de "continentaux" ou d'étrangers sur l'île mettrait en péril ce qu'il perçoit comme les seuls Corses authentiques.

"Nous ne laisserons pas s'installer plus de 4.500 résidences secondaires par an, soit plus de 45.000 en dix ans. Nous ne sommes un peuple que de 300.000 âmes (...) La terre corse doit rester possession entière du peuple corse", dit le groupe.

GUERRE AVEC LE GANG DE LA "BRISE DE MER"

Il déclare par ailleurs, en substance, qu'il est prêt à riposter par la violence au gang de la "Brise de mer", du nom d'un bar de Bastia où les membres de ce gang se réunissaient jadis.

Le FLNC se dit "en capacité de riposte" et met en garde ce qu'il appelle les "groupes mafieux".

Fait nouveau, le groupe politique semble avoir entamé un affrontement violent, pour d'obscures raisons, avec ce gang bastiais plutôt spécialisé dans le banditisme traditionnel. Les questions immobilières ne sont jamais loin des litiges entre les deux mouvances.

Le FLNC a revendiqué l'assassinat de Christian Leoni, membre supposé de la "Brise de mer", le 28 octobre 2011, en le présentant comme une réponse au meurtre du nationaliste Charles-Philippe Paoli, abattu le 28 juin précédent.

Pour le reste, le FLNC exprime sa confiance aux membres du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, qu'il voit comme "des héritiers (de ceux) ayant construit les deux statuts précédents", allusion au statut d'autonomie limitée dont bénéficie l'île, développé en 1983 et 1991 sous des gouvernements de gauche.

Il demande au gouvernement la disparition de ce qu'il appelle les "justices d'exception", en fait les services spécialisés de police et de justice concernant les actes terroristes.

Le dossier corse est un poison récurrent pour les pouvoirs français successifs. Le gouvernement PS de Lionel Jospin (1997-2002) était passé d'une fermeté affichée à des négociations avec tous les élus, y compris les nationalistes, envisageant sans suite un début de souveraineté locale.

Ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy a échoué ensuite à faire ratifier par référendum en 2003 une réforme des institutions. Un renforcement des enquêtes judiciaires a suivi, aboutissant à l'incarcération pour six ans de Charles Pieri, présenté comme le chef des clandestins, sans que prenne fin la violence.

La revendication de ce samedi intervient à deux jours d'un important procès à Paris.

avec Thierry Lévêque à Paris