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Police-Justice

Les avocats du barreau de Paris interpellent les candidats à la présidentielle avec une campagne d'affichage

L'Ordre des avocats du barreau de Paris a lancé une campagne d'affichage pour interpeller les candidats à l'élection présidentielle.

L'Ordre des avocats du barreau de Paris a lancé une campagne d'affichage pour interpeller les candidats à l'élection présidentielle. - Ordre des avocats du barreau de Paris

L'Ordre des avocats du barreau de Paris lance ce lundi une campagne d'affichage à destination des candidats aux élections présidentielle et législatives. L'objectif: les inviter à placer les problèmes de la justice au centre de leur programme.

Emmanuel Macron, Marine Le Pen ou encore Jean-Luc Mélenchon en monarques, affublés de vêtements comme on en trouvait sous l'Ancien Régime... À moins de deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle, les images ne passent pas inaperçues. Pari réussi pour l'Ordre des avocats du barreau de Paris, qui lance ce lundi une série d'affiches dans les rues de Paris afin d'interpeller les candidats en pleine campagne sur le manque de moyens des acteurs judiciaires.

"La justice n'est pas un privilège", peut-on lire sur ces tirages, qui invitent les candidats à émettre des propositions pour "rétablir la confiance dans la Justice et renforcer son efficacité".

"L'Ancien Régime était le temps des privilèges. Mais la justice n'est pas un privilège, c'est un pilier de la démocratie: les justiciables doivent pouvoir y avoir accès", martèle Julie Couturier, le bâtonnier de Paris, contactée par BFMTV.com, pour justifier les choix artistiques qui ont été faits.

Cette opération de communication, qu'elle décrit comme une "campagne décalée, disruptive et percutante", invite les candidats aux élections présidentielle et législatives à se saisir des problématiques liées au système judiciaire.

"Le frémissement d'une prise de conscience"

La semaine dernière, les avocats du barreau de Paris ont également adressé aux candidats un manifeste contenant dix propositions, dont un moratoire sur les réformes des procédures civiles et pénales, qui se sont multipliées ces dernières années. "En vingt ans, on est passé de 52.000 à 86.000 articles de loi. Les textes sont si nombreux qu'ils sont inexploitables pour les justiciables comme pour les magistrats" qui ne peuvent pas s'adapter aux nouvelles lois en permanence, explique le bâtonnier.

Auprès de BFMTV.com, Julie Couturier évoque le besoin, à quelques jours de l'ouverture des scrutins, d'insister sur ces points déjà mis en lumière par le mouvement de grève des magistrats qui a eu lieu en décembre.

"On a senti le frémissement d'une prise de conscience des problèmes liés à la justice, qui prennent un peu plus de place dans cette campagne que dans les précédentes", détaille Julie Couturier.

Le 15 décembre dernier, lors d'une grève massivement suivie, les magistrats, greffiers et avocats de plusieurs tribunaux de France dénonçaient une charge de travail insoutenable, un manque de temps pour traiter tous les dossiers, et, dans ce contexte, l'impossibilité de réconcilier la volonté de livrer un travail de qualité et celle d'éviter aux justiciables d'être confrontés à des délais d'attente déjà très longs.

Elisa Fernandez