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Police-Justice

Les annonces du gouvernement n'ont pas calmé la colère des policiers

Une manifestation de policiers devant l'Assemblée nationale à Paris le 26 octobre 2016

Une manifestation de policiers devant l'Assemblée nationale à Paris le 26 octobre 2016 - Alain Jocard - AFP

Malgré les efforts consentis par le gouvernement, de nouvelles manifestations de policiers en colère ont eu lieu mercredi soir dans plusieurs villes de France.

Les forces de l'ordre sont toujours en colère et ont à nouveau manifesté mercredi. Une centaine de policiers ont sillonné les artères du Mans. A Marseille, un cortège de voitures, sirènes hurlantes, a parcouru le centre-ville et à Lyon, une centaine d'autres ont manifesté dans la soirée, rejoints par une trentaine de pompiers.

Plusieurs centaines de policiers ont également battu le pavé à Nancy, Strasbourg, Nantes ou encore Nice. A Paris, ils ont défilé jusqu'à l'hôpital Saint-Louis où un de leurs collègues grièvement brûlé par un cocktail Molotov à Viry-Châtillon est toujours hospitalisé.

Hors de tout cadre syndical, plusieurs centaines de policiers se sont de leur côté rassemblés devant l'Assemblée nationale. Plusieurs responsables politiques Les Républicains ou FN comme les députés Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard sont venus manifester leur "soutien", dont se sont défiés une partie des manifestants.

Une enveloppe de 250 millions d'euros

Les annonces du gouvernement n'ont donc pas convaincu ni apaisé le mouvement de grogne entamé il y a dix jours. Un peu plus tôt dans la journée, le déblocage d'une enveloppe de 250 millions d'euros a été annoncé. Cet "effort supplémentaire" sera fait "dans le dialogue et l'exacte conscience de l'urgence", a affirmé Bernard Cazeneuve à l'issue d'une réunion entre François Hollande et les syndicats de police à l'Élysée.

Cette enveloppe comprend la livraison de nouveaux matériels, notamment de gilets pare-balles capables d'arrêter les balles de Kalachnikov, de casques, boucliers balistiques et fusils. Le renouvellement du parc automobile, la réfection des commissariats et casernes de gendarmerie sont également prévus.

L'Intérieur et la Justice vont aussi faire d'ici la fin novembre des propositions au Parlement sur "les conditions d'évolution de la légitime défense", dont les policiers réclament l'assouplissement des règles. Le gouvernement a aussi entendu la revendication d'un alignement des sanctions pour "outrages" à l'encontre des forces de l'ordre avec celles des magistrats, qui passera donc de six mois à un an d'emprisonnement.

Pas de réponse sur la politique du chiffre

Mais sur la question de la réponse pénale, rien n'a été annoncé. Dans les cortèges, de nombreux policiers dénoncent un "laxisme de la justice" à l'encontre des délinquants. Les syndicats demandaient notamment la "mise en place de peines plancher pour les agresseurs de membres des forces de l'ordre et services de secours", disposition abrogée sous François Hollande.

"Reste en suspens la problématique de la méritocratie et de la politique du chiffre dans la police nationale, a regretté mercredi soir Yves Lefèvre, représentant d'Unité SGP Police FO, après la réunion à l'Élysée. Reste aussi en suspens la problématique de la chaîne hiérarchique."

Céline Hussonnois-Alaya avec AFP