BFMTV
Police-Justice

Le voile intégral désormais interdit dans la rue

A partir de ce lundi, plus aucun voile intégral ne sera toléré dans un lieu public en France.

A partir de ce lundi, plus aucun voile intégral ne sera toléré dans un lieu public en France. - -

A partir de ce lundi, plus aucun voile intégral ne sera toléré dans un lieu public en France. De façon générale, il est maintenant interdit de dissimuler son visage. Hindh, 31 ans, porte le niqab, et n’a pas l’intention de l’ôter. La police craint une multiplication des tensions dans certains quartiers…

C'est la mise en application de la loi du 11 octobre 2010, qui vise d’abord les femmes portant le niqab. Ce voile intégral avec une fente pour les yeux est porté par moins de 2000 femmes en France. Plus largement, cagoules, masques et tout ce qui rend l’identification impossible est désormais interdit sur la voie publique, c'est-à-dire dans les parcs, les gares, les transports en commun et dans tous les commerces. Le simple foulard dans les cheveux reste lui autorisé.

Deux infractions sont concernées. La première, c'est de porter une tenue pour cacher son visage dans l'espace public. La peine maximale encourue est une amende de 150 euros et/ou un stage de citoyenneté.
La seconde, c'est de forcer une personne à se dissimuler le visage "par menace, violence, contrainte, abus d'autorité ou abus de pouvoir, en raison de leur sexe". Cette fois-ci, les peines maximales encourues sont un an de prison et 30 000 euros d'amende.

« J’ai peur mais je continue à sortir avec mon voile… »

Hindh a 31 ans et vit à Aulnay-Sous-Bois (93) en banlieue parisienne. Divorcée et mère d'une petite fille, elle porte le niqab, malgré l'hostilité des passants, de plus en plus nombreux à l'insulter ou à lui demander de retirer son voile. La loi ne va pas changer ses habitudes : « Moi je continue à sortir avec mon voile intégral, c’est sûr et certain. Etant donné que je suis seule avec ma fille, je ne vous cache pas que j’ai peur pour ma sécurité et surtout pour celle de ma fille. Ce qui m’inquiète le plus, c’est par rapport à elle, qu’il y ait un scandale en sa présence. Tout ce qu’ils ont réussi à faire ces politiciens en médiatisant le niqab etc, c’est rendre encore plus hostiles les gens les uns envers les autres.
Je sais bien qu’il y aura une amende de 150 euros… Ils veulent dresser des amendes, qu’ils le fassent ! ».

« Une loi difficilement applicable sur le terrain »

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a envoyé des instructions aux préfets pour éviter les dérapages lors des contrôles. Les policiers devront "faire preuve de tact", et n'auront «pas le pouvoir de faire ôter le vêtement qui dissimule le visage ». Emmener quelqu'un qui refuse d'obtempérer au commissariat ou infliger une amende de 150 euros ne doit être que le dernier recours.
Mais les policiers craignent d’ailleurs que leur intervention sur ce genre d’affaires ne multiplie les tensions dans les quartiers sensibles, comme l’explique Nicolas Comte, secrétaire général du Syndicat Unité-SGP Police : « Je crois que cette loi est difficilement applicable sur le terrain, ou en tous cas ne pourra être appliquée qu’avec beaucoup de tact, de mesure, et en faisant face à des difficultés. On peut penser que dans certains quartiers, la population risque de prendre fait et cause pour les femmes contrôlées. Or je crois qu’aujourd’hui on n’a pas besoin de situations qui créent des tensions supplémentaires.
Pour contrôler une personne il faut pouvoir voir son visage. Soit une femme voilée intégralement acceptera de retirer son voile, soit, si elle n’accepte pas, le policier devra éventuellement utiliser la force pour la conduire au commissariat. »

La Rédaction, avec Benjamin Dehaut