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Police-Justice

Le "trésor de Lava" au cœur d'un nouveau procès à Marseille, près de 40 ans après sa découverte

Felix Biancamaria a découvert un plat et des pièces en or frappées à l'effigie d'empereurs romains du IIIe siècle, alors qu'il pêchait des oursins en Corse en 1985. Il comparaît aux côtés d'un autre homme, ces lundi 29 et mardi 30 janvier, pour "recel de vol d'un trésor maritime".

Deux sexagénaires comparaissent à partir de ce lundi 29 janvier devant la justice marseillaise dans le cadre de l'affaire du "trésor de Lava", près de quarante ans après la découverte d'un plat et des pièces en or frappées à l'effigie d'empereurs romains du IIIe siècle, dans une épave au large de la Corse.

Cette histoire tentaculaire a débuté en 1985, lorsque deux hommes, les frères Biancamaria, ont fait ces découvertes dans le golfe de Lava alors qu'ils pêchaient des oursins. Le trésor a ensuite été dispersé lors de diverses ventes aux enchères et transactions avec des collectionneurs.

Une première condamnation en 1986

L'année suivante, les frères ont été condamnés à 18 mois de prison avec sursis et une amende pour détournement d'épave maritime - une peine confirmée en 1995 en appel.

Durant l'enquête, des rumeurs avaient fait état de l'existence d'un plat en or récupéré par les pêcheurs, un objet jamais retrouvé par les enquêteurs, contrairement à près de 80 pièces d'or.

L'affaire est revenue dans l'actualité en 2010, année où Félix Biancamaria est interpellé à Roissy, à la descente d'un train venant de Bruxelles. Dans son bagage à main... le fameux plat en or du trésor de Lava, dont le prix est estimé entre 6 et 8 millions d'euros. En garde à vue, Félix Biancamaria explique avoir voulu le revendre grâce à un intermédiaire, Jean-Michel Richaud.

Débat sur l'origine du trésor

Les deux hommes comparaissent à partir de ce lundi devant la justice pour "recel de vol d'un trésor maritime". Entre-temps, la loi a changé. Selon, Me Anna-Maria Sollacaro, une des avocates de Félix Biancamaria, la législation qui couvrait à l'époque les découvertes maritimes ne prévoyait pas d'autres dispositions que celles du détournement d'épave.

Ensuite, "on a participé à un mouvement précipité pour créer une nouvelle législation postérieure à la découverte pour pouvoir s'approprier le trésor" en introduisant une notion de "bien culturel maritime", a-t-elle expliqué à l'AFP.

Or il est "bien plus fortement probable que ce trésor émane de l'occupation romaine de l'époque que d'un naufrage", a-t-elle souligné en dénonçant une violation du principe de "non-rétroactivité de la loi pénale".

Si le trésor de Lava se trouvait à l'origine sur terre, le découvreur a le droit à 50% de sa valeur. Mais s'il s'est abîmé en mer, il appartient intégralement à l'État. Aujourd'hui, le plat en or et une partie du trésor de Lava sont entre les mains du département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm).

Alexandra Gonzalez avec Baptiste Farge