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Police-Justice

Le témoignage émouvant de la sœur du père Hamel, un an après son assassinat

DOCUMENT BFMTV - Il y a un an, le prêtre Jacques Hamel perdait la vie sous les coups de deux jeunes jihadistes alors qu'il disait la messe dans la matinée du 26 juillet. Douze mois plus tard, sa sœur, Roselyne Hamel, accepte de témoigner sur notre antenne.

Ils étaient six sous les voûtes de l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray, dans la Seine-Maritime, lorsque deux jeunes jihadistes ont fait irruption dans l'édifice lors d'une messe donnée dans la matinée du 26 juillet 2016. L'officiant, le père Jacques Hamel, 86 ans, avait été égorgé par les deux assaillants avant que ceux-ci ne soient abattus par la police à l'issue de la prise d'otages.

Près d'un an jour pour jour après ce drame, Roselyne Hamel, la sœur de l'ecclésiastique, évoque ses peines et ses réconforts devant nos caméras, dans la paroisse où son frère a perdu la vie et où elle revient régulièrement. "Quand il est mort, je n’ai pas pu le prendre dans mes bras. C’est une souffrance supplémentaire", confie-t-elle.

Roselyne Hamel a voulu, après l'assassinat, que l'un des témoins lui raconte le déroulement de l'attaque. "Je voulais avoir un autre écho que celui des journaux. Pendant qu’on me racontait ce qu’il s’est passé, je voulais vivre ce qu’il avait vécu", explique-t-elle. Pour elle, la mort de son frère entre dans un ensemble dramatique plus vaste: "En même temps que je pense au drame de mon frère, je pense à tous ces massacres qui ont eu lieu le 14 juillet, et puis à ceux du Bataclan aussi. C’est indissociable." Elle se souvient d'ailleurs de propos du père Jacques Hamel:

"La veille du jour où ça lui est arrivé, il discutait avec nous du drame qui était arrivé à Nice. Il disait : ‘Quand est-ce que ça va s’arrêter ? Quand est-ce que ça va s’arrêter ? Quand est-ce que vont se bouger les membres du gouvernement, ceux qui nous gouvernent ? Nous, on ne peut que prier.’ Sans savoir que le lendemain, c’était son tour."

"Je crois que je fais bonne route"

Pour autant, malgré sa douleur, Roselyne Hamel refuse que l'islam soit tenu responsable des dérives des fanatiques. La présence dans l'église d'un portrait de son frère, peint par Omar Moubine, un artiste musulman installé à Tours, la conforte dans cette optique: "Je ne supporte pas qu’on mette une mauvaise étiquette sur l’islam par rapport à ce drame. Et le fait que ce musulman le jour même a peint, et a rapporté le lendemain son tableau à l’archevêché… Je crois que je fais bonne route dans mes pensées vers eux." Sur la toile, on voit le père Jacques Hamel, le dos tourné, pencher son visage couronné d'une auréole sur un livre ouvert. 

L'œuvre n'est pas la seule à avoir accompagné Roselyne Hamel dans son deuil. Les nombreux messages de soutien qui ont afflué après la tragédie ont été d'un grand secours également: "Ça nous a porté toute l’année quand même tous ces témoignages de sympathie, de partage de notre douleur, des encouragements…" énumère-t-elle. 

Des cérémonies marqueront ce mercredi la survenue du drame il y a un an. Le président de la République assistera en personne à l'hommage. L'église avait été rouverte, via un rite conduit par l'archevêque de Rouen, deux mois après le crime. En ce qui concerne le père Hamel, il fait actuellement l'objet d'un procès en béatification. Il pourrait à sa conclusion, si l'Eglise en juge ainsi, devenir un "bienheureux" aux yeux du monde catholique. 

Robin Verner