BFMTV
Police-Justice

Le recours des policiers à leurs armes à feu a explosé en 2017

Un policier en patrouille.

Un policier en patrouille. - AFP

La police des polices s'est lancée mardi dans un exercice inédit de transparence en avançant un chiffre des personnes tuées ou blessés lors d'interventions policières, soit 14 tués et une centaine de blessés depuis juillet 2017.

Les policiers français ont de plus en plus recours à leur arme de service. C'est ce qui ressort du rapport annuel de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), surnommée la "police des polices", publié mardi et relayé par Le Monde, et qui chiffre pour la première fois les personnes tuées ou blessés lors d'interventions policières.

394 utilisations d'armes à feu en un an

Selon ce rapport, le recours à leur arme à feu par les policiers a augmenté de 54% en 2017, pour un total de 394 utilisations entre 2016 et 2017. A cette très forte augmentation s'ajoute un autre chiffre, celui du nombre de morts et de blessés sous les balles des policiers au cours de la dernière année, qui s'élèvent à 14 décès (recensés entre le 1er juillet 2017 et le 31 mai 2018) et une centaine de blessés.

Ces quatorze décès correspondent à des tirs mortels visant des individus ayant commis un acte terroriste (comme l'assaillant de la gare Saint-Charles en octobre 2017 à Marseille ou celui du quartier de l'Opéra à Paris en mai 2018, ndlr), à des personnes s'étant suicidées au moment de l'intervention policière, ou encore à des situations de fuites ayant impliqué un accident mortel.

Du côté des gendarmes, la hausse de l'usage des armes est moins importante puisqu'elle est de 15% entre 2016 et 2017, tandis que les agressions visant les gendarmes sont, elles, en hausse de 68%. 

Comme le souligne Le Monde, ces chiffres élevés sont dévoilés dans un contexte de tensions croissantes sur le terrain autour des forces de l'ordre, mais aussi alors que le débat autour des violences policières s'est invité sur le devant de la scène de façon récurrente ces derniers mois.

Légitime défense

Insistant sur le fait que le rapport ne constitue pas un "recensement des bavures policières", la patronne de l'IGPN, Marie-France Monéger-Guyomarc’h a expliqué la méthodologie de comptage de ces données chiffrées. Les 394 utilisations d'armes à feu par les policiers correspondent ainsi pour la très grande majorité à des usages d'armes pendant le service et dans le cadre de refus d'obtempérer de véhicules.

Selon l'IGPN, chacun de ces coups de feu, considérés comme de la légitime défense, a été suivi d'une enquête administrative. Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les frontières de la légitime défense pour les forces de l'ordre ont été élargies. Depuis une loi de février 2017, les policiers peuvent ainsi utiliser leur arme de service sans risque de sanction. 

Une démarche inédite

Mais pour la police des polices, ce changement de loi n'est pas l'explication de la hausse de l'utilisation des armes à feu, puisque selon elle, cette hausse était déjà observable avant l'entrée en vigueur de ce texte législatif. 

La publication d'un tel recensement constitue une première pour l'institution. "C'est la première fois que sont donnés de tels chiffres. Ce n'est pas une révolution mais une évolution", assure Marie-France Monéger-Guyomarc'h, qui quittera prochainement ses fonctions.

A.S.