BFMTV
Police-Justice

Le quartier de la villeneuve, de la référence aux violences

BFMTV
par Emmanuel Jarry PARIS (Reuters) - Le quartier de la Villeneuve, théâtre ce week-end de violences, se voulait une référence, à sa construction,...

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Le quartier de la Villeneuve, théâtre ce week-end de violences, se voulait une référence, à sa construction, mais a connu la même dégradation que nombre de cités de banlieue en France, juge le député maire de Grenoble.

Pour Michel Destot, ce quartier de 15.000 habitants, surtout constitué de logements sociaux, a pourtant des atouts, comparé à d'autres - des appartements de bonne qualité, un parc, de nombreux équipements publics, une vie associative riche.

"C'est un quartier qui date des années 1970 et qui faisait référence, à l'époque, avec des écoles dites ouvertes, des coursives permettant d'avoir des espaces de rencontre et de convivialité", a-t-il déclaré dimanche à Reuters dans une interview recueillie par téléphone.

"Ce qui est arrivé, c'est ce qui arrive malheureusement dans beaucoup de quartiers urbains qui ont vu la montée de l'économie souterraine, avec ses conséquences dramatiques", a-t-il ajouté.

Selon Michel Destot, la Villeneuve souffre aujourd'hui d'un manque de mixité sociale, avec le départ de la classe moyenne, une population à 40% d'origine immigrée frappée par la crise économique, un taux de chômage "autour d'une bonne trentaine de pour cent" malgré une politique municipale active.

Mais il pointe également l'absence de police de proximité - supprimée par le président Nicolas Sarkozy lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, entre 2002 et 2007 - qui a favorisé selon lui le "dérapage" de certains jeunes.

"Sur la circonscription de Grenoble, depuis 2002, on est passé de 720 à 600 policiers, qui doivent à la fois intervenir sur le terrain contre la délinquance de proximité, lutter contre le trafic de drogue et le grand banditisme", explique-t-il.

Selon le député-maire de Grenoble, quelques dizaines de jeunes, parfois armés, "font la loi" à la Villeneuve, avec "une présence conquérante sur le terrain", et créent ainsi un sentiment d'insécurité "extrêmement fort".

SIGNAL D'ALARME

"Ce sont évidemment des jeunes qui ont basculé dans la délinquance par le biais de l'économie souterraine, l'argent facile, de l'argent qui leur permet d'acquérir des armes", souligne l'élu socialiste. "Ce sont des jeunes qui sont, la plupart du temps, déscolarisés, qui ne sont pas tenus par leur famille et laissés à eux-mêmes."

Des violences ont éclaté vendredi soir à la Villeneuve et se sont prolongées une partie de la nuit, avec tirs d'arme à feux sur des policiers et incendies de voitures, au lendemain de la mort d'un malfaiteur résidant dans ce quartier, tué par les forces de l'ordre à la suite du braquage d'un casino.

Malgré le déploiement de 300 policiers et gendarmes supplémentaires, la nuit de samedi à dimanche a aussi été émaillée d'incidents, moins graves que la nuit précédente mais de nouveau marqués par des coups de feu.

Selon la directrice de la sécurité publique de l'Isère, Brigitte Julien, les forces de l'ordre ont ainsi "joué au chat et à la souris" avec une dizaine de jeunes une partie de la nuit. La police pense avoir arrêté au moins deux tireurs dimanche matin mais en a laissé échapper un troisième.

Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, venu sur place samedi, "a promis de rétablir l'ordre", souligne Michel Destot. "Mais il faut que cette action s'inscrive ensuite dans la durée. On va évidemment être très vigilant."

Le député-maire de Grenoble demande un "Grenelle" de la sécurité urbaine - une conférence réunissant tous les acteurs concernés, nationaux et locaux.

"Il est évident que dans tous les territoires urbains il y a des problèmes de cette nature qui nécessitent qu'on les prenne en compte de manière ciblée et efficace", explique-t-il. "Ça pose évidemment des problèmes de moyens, de moyens humains, notamment, et c'est le signal d'alarme que nous tirons.

"Brice Hortefeux n'a pas dit non (...) Il m'a promis une réponse. On pourrait éventuellement l'envisager pour la rentrée de septembre", ajoute l'élu socialiste.

Edité par Nicole Dupont