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Police-Justice

Le "psy du jihad", Patrick Amoyel, mis en examen pour viols

Patrick Amoyel.

Patrick Amoyel. - Capture BFMTV

Le psychanalyste niçois et spécialiste du jihad Patrick Amoyel, à la tête de l'association Entr'autres, a été mis en examen et écroué jeudi pour "viols par personne ayant autorité" et "exercice illégal de la médecine".

Il est l'une des figures de la lutte contre la radicalisation islamiste. Patrick Amoyel, surnommé le "psy du jihad", originaire de Nice, a été mis en examen et placé en détention provisoire, dans la nuit de jeudi à vendredi, pour "viols par personne ayant autorité" et "exercice illégal de la médecine", selon une information de Nice Matin. 

L'homme, à la tête de l'association Entr'autres, fondée en 2004 et qui vient en aide aux familles confrontées à la radicalisation d'un proche, est notamment accusé d'agressions sexuelles sur une adolescente âgée de 16 ans, dans le cadre de consultations privées. Les faits remontent aux années 2011 à 2013. Bien qu'une seule plainte ait été déposée, Nice Matin précise que plusieurs autres victimes se seraient manifestées auprès du parquet de Nice.

D'autre part, Patrick Amoyel, directeur de recherches freudiennes à l'université Nice Sophia Antipolis, déclarait exercer en tant que psychothérapeute, psychiatre ou chiropracteur. Or, selon France Info, il ne disposait pas des diplômes requis pour occuper ces fonctions. Un juge d'instruction a été nommé pour poursuivre l'enquête. 

Patrick Amoyel, spécialiste souvent critiqué

Ce proche du journaliste controversé Mohamed Sifaoui a mené nombre de conférences sur la question du jihadisme. Soutenue par les pouvoirs publics, son association avait été sélectionnée par le gouvernement pour former des juges antiterroristes, des enseignants, des fonctionnaires... Son approche scientifique, basée sur la psychanalyse, de l'embrigadement religieux n'était cependant pas du goût de tous. Certains lui ont ainsi reproché de n'avoir établi aucune production écrite. Dans un entretien accordé à Libération, un universitaire français déclarait à son propos:

"Comme de nombreux psys, il considère les jeunes radicalisés comme des criminels dopés à la haine de la République en raison d'un passé colonial mal digéré. En sus, il place l'antisémitisme comme principal moteur du jihadisme, qui en comporte pourtant, nous le savons désormais, beaucoup d'autres".

Même si ces affaires judiciaires n'ont aucun lien avec son travail sur l'islam radical, ce n'est pas la première fois que des démêlés judiciaires jettent une ombre au tableau des figures médiatiques de la "déradicalisation". En mars 2017, Sonia Imloul, à la tête de la Maison de la prévention et de la famille, a été jugée par le tribunal correctionnel de Paris pour "détournements de fonds publics, blanchiment et travail dissimulé". 

Alexandra Milhat