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Police-Justice

Le procès en appel des "tournantes" s'est ouvert à huis-clos

Vue prise le 18 juin 2006 de la cité des Larris de Fontenay-sous-Bois, d'où les mis en cause sont originaires. Une vingtaine de jeunes hommes venaient alors d'être mis en examen.

Vue prise le 18 juin 2006 de la cité des Larris de Fontenay-sous-Bois, d'où les mis en cause sont originaires. Une vingtaine de jeunes hommes venaient alors d'être mis en examen. - -

Un an après un verdict qui avait suscité l'incompréhension, s'est ouvert le procès en appel de huit hommes, jugés pour des viols collectifs sur deux jeunes femmes, pour des faits remontant à la fin des années 1990. Une seule des deux victimes était présente.

Un an après, la tension du premier procès est toujours palpable. Mardi s'est ouvert devant les assises pour mineurs de l'Essonne le procès en appel de huit hommes, jugés pour viols en réunion sur deux adolescentes, il y a une quinzaine d'années, dans des cités de Fontenay-sous-Bois, dans le Val-de-Marne à l'est de Paris. Une seule des deux jeunes filles, Nina, était présente.

Pull beige, écharpe blanche, celle qui est à l'origine de la procédure affrontait là son troisième procès: le premier, très médiatisé à l'automne dernier, a été suivi fin mai d'un deuxième procès plus confidentiel, devant le tribunal des enfants.

Une nouvelle épreuve pour Nina. En première instance, la jeune femme avait eu le sentiment de passer du statut de victime à celui d'accusée, chahutée par la défense qui avait cherché à faire vaciller son témoignage. Elle avait ensuite dû affronter un verdict dont la légèreté apparente avait suscité l'incompréhension: dix acquittements et quatre condamnations, dont une avec sursis.

"Moins de proximité avec les accusés"

Aussi, elle attend beaucoup du procès en appel. "Nina continue à travailler sur elle-même pour mieux accepter la situation, elle est en pleine reconstruction, mais évidemment la décision de la cour d'assises sera très importante", a déclaré mardi matin son avocate, Me Isabelle Duruflé.

"La configuration de la cour d'assises est plus agréable", a-t-elle précisé. "Il y a moins de proximité avec les accusés qu'en première instance", devant la cour des mineurs de Créteil.

Aurélie, l'autre plaignante, n'a quant à elle pas eu le courage de se constituer partie civile. "Elle s'était préparée depuis quelques semaines, mais la perspective de l'audience est devenue de plus en plus réelle et la peur est montée, elle a subi un vrai traumatisme", a indiqué son avocate, Me Clotilde Lepetit. En première instance, la justice n'avait pas reconnu les viols qu'elle dénonçait.

Un huis-clos mal accepté

Pour se protéger, Nina, désormais seule, a demandé le huis-clos. Mais sa décision a été très mal acceptée par la défense qui demandait à l'inverse la publicité des débats, afin que le verdict soit cette fois compris. "L'année dernière, la plaignante n'a pas demandé le huis-clos. Elle a exprimé tout ce qui lui est arrivé, et là elle ne veut plus. On en tirera les conséquences le moment venu", a déclaré avec colère l'une des avocates de la défense, Me Clarisse Serre.

De fait, les accusés ne voient pas du tout les choses de la même manière. Pour eux, il ne s'agit pas de "tournantes", ces viols collectifs décrits par les victimes. Me Philippe Petillault, l'avocat de l'un d'eux, indique que pour son client, "les relations qu'il a eues avec ces jeunes filles ont été consenties, non forcées". Cet homme, aujourd'hui trentenaire, a été condamné en première instance à trois ans de prison avec sursis.

Mathilde Tournier et avec AFP