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Police-Justice

Le procès du convoyeur de fonds Toni Musulin s'ouvre à Lyon

Le tribunal correctionnel de Lyon doit juger ce mardi le convoyeur de fonds Toni Musulin, accusé d'avoir dérobé 11,6 millions d'euros dans son fourgon blindé. /Photo d'archives/REUTERS/Stéphane Mahé

Le tribunal correctionnel de Lyon doit juger ce mardi le convoyeur de fonds Toni Musulin, accusé d'avoir dérobé 11,6 millions d'euros dans son fourgon blindé. /Photo d'archives/REUTERS/Stéphane Mahé - -

Le procès du convoyeur de fonds Toni Musulin, accusé d'avoir détourné en novembre dernier 11,6 millions d'euros contenus dans son fourgon blindé, s'est ouvert ce mardi à Lyon.

par Catherine Lagrange

LYON (Reuters) - Le convoyeur de fonds Toni Musulin, accusé d'avoir volé 11,6 millions d'euros en partant au volant de son fourgon blindé en novembre dernier, a dit mardi à son procès avoir agi pour dénoncer ses conditions de travail.

Poursuivi pour vol et tentative d'escroquerie, Toni Musulin, 39 ans, encourt au tribunal correctionnel de Lyon jusqu'à cinq ans de prison. Le jugement pourrait être rendu mercredi.

"On me présente comme Robin des Bois. Non, je suis normal, j'ai toujours travaillé, je n'ai pas pris de vacances pendant dix ans", a-t-il dit à la barre.

En pleine crise bancaire et financière, le vol commis le 5 novembre avait suscité sur internet un engouement pour sa personnalité et la création de cercles d'admirateurs ironiques.

Deux jours après son départ au volant du camion de la société Loomis, la majeure partie du butin, 9,5 millions d'euros, avait été retrouvée par la police, dans le box d'une résidence du VIIIe arrondissement de Lyon. On ignore où est le reste. Le convoyeur s'est rendu à la police à Monaco le 16 novembre avant d'être remis aux autorités françaises.

Barbe grise, vêtu d'un blouson, Toni Musulin a dit au tribunal avoir agi en raison de problèmes avec son employeur et des brimades qu'il dit avoir subies.

"Ils ne sont pas corrects, comme j'étais célibataire, je ne pouvais pas avoir de vacances pendant l'été, ils ne me payaient pas toutes mes heures, on n'était pas respecté. Je respecte la loi, mais à un moment je suis passé de l'autre côté, à cause de toutes ces injustices", a-t-il déclaré.

MUSULIN NIE SAVOIR OÙ EST L'ARGENT

Il a assuré qu'il ne savait pas où se trouvait la partie du butin disparue -- 2,1 millions d'euros -- et a suggéré une piste. "Je n'ai pas pris l'argent, c'est pas moi qui ai l'argent. Vous voulez savoir où est l'argent ? Demandez au propriétaire du box, il avait le double des clés", a-t-il dit.

Il a raconté dans le détail, comment, une fois parti au volant du fourgon, il avait transféré dans une fourgonnette, seul, dit-il, les sacs qu'il venait de dérober.

"Je suis parti, j'ai passé le feu rouge et je suis allé dans la rue où j'avais garé la Kangoo. Je me suis stationné à contresens pour que les portes arrière soient face à face et je lance les sacs devant tout le monde", a-t-il expliqué.

Arrivé dans son box, il dit avoir ouvert quelques sacs de billets pour vérifier s'ils étaient marqués ou pas. 'J'ai trouvé que ça faisait beaucoup et je me suis demandé ce que j'allais en faire", a-t-il expliqué.

Réalisant que son forfait suscitait un fort retentissement, il a dit être ensuite parti en Italie pour attendre un répit dans l'affaire, séjournant plusieurs jours à Turin, à Rome, puis Naples.

"J'ai visité, mangé des pâtes, c'était bien, et puis j'ai entendu à la télé qu'il avaient retrouvé l'argent, j'avais un peu les boules, je me suis dit que c'était raté", a-t-il dit.

Le convoyeur a alors décidé de se rendre à la police. "Je n'avais plus d'argent, ma carte était bloquée, on me cherchait partout, je n'avais pas le choix", a-t-il expliqué.

L'accusation ne croit pas en cette version et estime qu'il est allé mettre son butin à l'abri à l'étranger.

Toni Musulin est par ailleurs accusé de tentative d'escroquerie à l'assurance concernant une Ferrari qu'il avait déclaré volée le 8 mai 2009 dans l'Ain. Il a dit au procès qu'il avait cumulé plusieurs emplois pour s'acheter cette voiture.

Selon l'accusation, Toni Musulin a été repéré à la frontière serbe le 1er mai 2009 au volant de ce véhicule, qui a été ensuite localisé en Albanie.

La tentative d'escroquerie est contestée par la défense qui affirme, bulletin de paie à l'appui, que le convoyeur était au travail pendant cette période. Ce sont ces faits qui pèsent le plus lourd, le vol n'étant passible que de trois ans de prison.

Édité par Gilles Trequesser