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Police-Justice

Le procès de 86 faucheurs d'OGM s'ouvre à Marmande

"Ce procès est celui de ceux qui ont mené le combat pour faire interdire les OGM sur le territoire français et qui l'ont gagné", a déclaré José Bové à la presse.

"Ce procès est celui de ceux qui ont mené le combat pour faire interdire les OGM sur le territoire français et qui l'ont gagné", a déclaré José Bové à la presse. - -

Le procès de 86 "Faucheurs volontaires", dont le député européen José Bové, comparaissant pour la destruction en 2006 de 15 hectares de maïs génétiquement modifié s'est ouvert ce lundi matin.

Les 86 prévenus sont jugés devant le tribunal de Marmande (Lot-et-Garonne) pour "destruction de bien d'autrui en réunion", et risquent jusqu'à cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende.

Les faits remontent au 2 septembre 2006, lorsque de 20 à 300 personnes avaient fauché une parcelle de maïs transgénique sur une exploitation à Grézet-Cavagnan, près de Marmande.

José Bové avait ensuite remis aux gendarmes une liste de plusieurs dizaines de personnes revendiquant leur participation à cette action alors que le propriétaire de la parcelle, Claude Ménara, déposait plainte avec constitution de partie civile.

Trois autres faucheurs volontaires interpellés au moment des faits ont été condamnés en octobre 2006 à trois mois de prison avec sursis et à 20.000 euros de dommages et intérêts.

Ce procès intervient alors que la culture des OGM en plein champ fait l'objet d'un moratoire en France depuis janvier 2008.

Greenpeace vient de déposer auprès de la Commission européenne une pétition signée par plus d'un million de citoyens de l'Union réclamant la suspension des autorisations de cultures et de commercialisation des OGM sur l'ensemble des 27 pays.

Il y a deux semaines, les ministres allemand, espagnol, italien et français de l'Agriculture se sont opposés à la proposition de la Commission européenne de laisser les Etats membres décider s'ils veulent cultiver ou non des Organismes génétiquement modifiés sur leur territoire, préférant que les décisions continuent de se prendre au niveau communautaire.

"L'AYATOLLAH" BOVÉ

Plusieurs dizaines de militants encadraient les prévenus lundi matin lors d'une marche dans la ville jusqu'au tribunal en criant "OGM, non, non et non !".

Signe du débat sur ce dossier en France, ils ont retrouvé devant le Palais de justice une dizaine d'agriculteurs portant une banderole "Faucheurs = Destructeurs, Menteurs, Imposteurs".

"Ce procès est celui de ceux qui ont mené le combat pour faire interdire les OGM sur le territoire français et qui l'ont gagné", a déclaré José Bové à la presse.

Claude Ménara, l'agriculteur victime du fauchage et militant pro-OGM de la première heure, a indiqué que "ce procès n'est pas celui des OGM mais celui des 86 délinquants qui ont pénétré dans une propriété privée et ont saccagé des cultures".

"Ils ont un ayatollah, un gourou, ils sont dans leur bulle alors qu'il faudra de toute façon des OGM", a-t-il ajouté.

Claude Menara a reçu le soutien de la FRSEA d'Aquitaine (Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles).

"C'est le procès qui doit permettre à un citoyen de réclamer justice dans un Etat de droit, c'est-à-dire réparation d'un préjudice", indique son président Henri Bies-Péré.

Le procès doit se dérouler sur au moins deux jours et la décision devrait être mise en délibéré.

Claude Canellas, édité par Yves Clarisse