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Police-Justice

"Le policier lui a pris ses vêtements": une mère dénonce les conditions de détention après un blocus lycéen

Le commissariat de Roubaix stocke de grandes quantités de stups (illustration).

Le commissariat de Roubaix stocke de grandes quantités de stups (illustration). - -

Le week-end du 1er février, quatre adolescents ont été placés en garde à vue dans un commissariat du XXe de Paris, interpellés à la suite d’un blocage contre la nouvelle réforme du bac. La mère de l’un d’entre eux, dont François Ruffin se fait le porte-parole, dénonce des conditions de détention délétères.

L’affaire devrait être close mais les conditions d'une garde à vue sont à nouveau pointées du doigt. Samedi 1er février, trois lycéens ont été condamnés à une mesure de réparation pénale pour "dégradations de biens d'autrui par un moyen dangereux", un quatrième a été relaxé. Les adolescents avaient été interpellés la veille, vendredi, après le blocage de l’établissement scolaire Maurice Ravel, dans le XXe arrondissement de Paris, contre la nouvelle réforme du bac et les épreuves de contrôle continu.

"Des policiers de la BAC se sont saisis des élèves pour une garde à vue, prenant pour prétexte une poubelle enflammée", s’était alors indigné le syndicat SNES-FSU.

Ce vendredi, les conditions de leur enfermement temporaire sont dénoncées par François Ruffin. Le député insoumis a reçu un mail de la mère d’un des lycéens, dans lequel elle décrit le traitement subi par son fils durant ces 24 heures, précise-t-il à BFMTV.com. Elle lui écrit: "Ils (les adolescents, ndlr) sont seuls dans des cellules, sans aucune information sur ce qui allait se passer, cellules dont l’odeur est insupportable."

"Réveillés la nuit toutes les 2-3 heures"

Et de poursuivre: "Mon fils a demandé du papier toilette, le policier lui a dit ‘je reviens’, il n’est jamais revenu. Lorsqu’on lui a amené son repas le vendredi soir, le policier lui a dit ‘attention c’est brûlant’, en fait le plat n’était même pas décongelé. Ils sont réveillés la nuit toutes les 2-3 heures pour être fouillés. Le policier lui a demandé s’il avait froid, mon fils a répondu ‘oui’ et il lui a pris son t-shirt et son pantalon."

"Ces dérives, c’est devenu la règle", commente François Ruffin, qui affirme recevoir régulièrement des témoignages signalant des abus de la part des forces de l’ordre. Mais pour Denis Jacob, secrétaire général du syndicat Alternative police, "ces déclarations sont faites pour dresser un portrait toujours plus noir de la police. Jusqu’à preuve du contraire, ni François Ruffin ni la mère du lycéen n’étaient présents lors de la garde à vue, donc pour l’heure rien ne prouve que ces dérives ont eu lieu", argue-t-il prudemment.

"Tout doit être mis en place respecter l'intégrité"

Toutefois, si les faits relatés étaient avérés, ils outrepasseraient effectivement les règles qui encadrent la procédure de garde à vue. "Tout doit être mis en place pour que la personne soit détenue dans des conditions qui respectent son intégrité physique et morale", rappelle Denis Jacob.

"Les seuls vêtements qui peuvent être retirés sont ceux qui représentent un danger pour le détenu comme les lacets, la ceinture ou le cordon de sweat. Un repas doit lui être servi et s’il le demande, du papier toilette doit lui être fourni", admet-il.

Ce débat sur les conditions de détention des quatre lycéens s’ajoute à la polémique autour de la légitimité même de la mesure dans cette affaire. En effet, dès leur placement en garde à vue, leurs avocates Mes Camille Vannier et Lucie Simon se sont "alarmées de la disproportion de ces mesures", écrivent-elles dans un communiqué.

"Nous rappelons que le placement en garde à vue doit être exceptionnel, d’autant plus lorsqu’il concerne un mineur (…) Nous dénonçons ainsi le détournement de la mesure de garde à vue comme outil de répression du mouvement lycéen", soutiennent-elles.

Eric Coquerel, député La France insoumise, a appelé ce vendredi soir à "tous se mobiliser pour que l’emprisonnement de mineurs ne devienne pas une inquiétante habitude". Tandis que d’autres internautes s’indignent que des mineurs, accusés d’avoir brûlé des poubelles, reçoivent un tel soutien.

Ambre Lepoivre