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Police-Justice

Le policier du service anticorruption était aussi détective privé

L'ancien policier travaillait au service anticorruption à Nanterre.

L'ancien policier travaillait au service anticorruption à Nanterre. - Geoffroy Van Der Hasselt - AFP

Une enquête va être ouverte par la police des polices après que la Direction centrale de la police judiciaire a découvert parmi ses rangs que l'un de ses agents avait également une agence de détective privé. Le policier, à la retraite, se défend d'avoir utilisé les moyens de l'Etat pour conduire son activité personnelle.

Policier le jour, détective la nuit. L'inspection générale de la police nationale (IGPN) a ouvert une enquête après la découverte parmi les rangs de la prestigieuse PJ, police judiciaire, d'un policier qui officiait sur son temps personnel comme détective privé. Ancien commandant à la retraite depuis quelques mois, l'agent de 57 ans a effectué des missions pour le compte de son ancien employeur. Une pratique strictement interdite pour un agent de police judiciaire.

Bernard C. est parti à la retraite en 2015, relate Le Parisien qui révèle l'histoire. Policier spécialisé dans les enquêtes sur les affaires financières à la Direction centrale de la police nationale, l'agent, âgé de 57 ans, va rapidement intégrer la réserve civile de la police nationale, "destinée à des missions de soutien aux forces de sécurité intérieure et des missions de solidarité" comme le dicte le Code de la sécurité intérieure. En juin 2016, l'ex-flic créé, parallèlement, une agence de détective privé spécialisée dans les investigations commerciales et industrielles.

Accord préalable

S'il n'est pas interdit aux réservistes d'avoir une activité privée de sécurité, elle-ci doit être connue de leur direction avant la signature de leur contrat. "Les fonctionnaires de la police nationale et les officiers ou sous-officiers de la gendarmerie nationale ne peuvent exercer l'activité d'agence de recherches privées durant les cinq années suivant la date à laquelle ils ont cessé définitivement ou temporairement leurs fonctions que sous réserve d'avoir obtenu au préalable l'autorisation écrite du ministre de l'intérieur", précise l'article L.622-4 du Code de la sécurité intérieure.

Pour le cas de Bernard C., aucune vérification n'a été réalisée sur ses autres activités. Après la découverte de son statut, l'ancien commandant de l'office central de lutte contre la corruption a été suspendu. Lui rejette toute confusion des genres et plaide la bonne foi. Dans le cadre de son activité privée, il dit avoir réalisé une douzaine de dossiers pour le compte de cabinets d'experts-comptables. Surtout, il insiste sur le fait qu'il ne s'est pas servi de ses missions au sein de son ancien service pour réaliser son travail personnel. Une pratique passible de cinq ans d'emprisonnement et 300.000 euros d'amende.

J.C.