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Police-Justice

Le parquet presse la police d'expliquer son enquête sur Le Monde

Le parquet de Paris a demandé au contre-espionnage français de préciser comment il était parvenu à identifier l'informateur présumé du journal Le Monde dans l'affaire Woerth-Bettencourt. /Photo d'archives/REUTERS/Philippe Wojazer

Le parquet de Paris a demandé au contre-espionnage français de préciser comment il était parvenu à identifier l'informateur présumé du journal Le Monde dans l'affaire Woerth-Bettencourt. /Photo d'archives/REUTERS/Philippe Wojazer - -

PARIS (Reuters) - Le parquet de Paris a demandé au contre-espionnage français de préciser comment il était parvenu à identifier l'informateur...

PARIS (Reuters) - Le parquet de Paris a demandé au contre-espionnage français de préciser comment il était parvenu à identifier l'informateur présumé du journal Le Monde dans l'affaire Woerth-Bettencourt.

Le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, a expliqué mardi à des journalistes que la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) l'avait informé le 7 septembre de cette enquête, qui a amené Le Monde à porter plainte contre X.

Un suspect, David Sénat, magistrat en poste au cabinet de la ministre de la Justice, a été dénoncé au procureur par une note signée de Bernard Squarcini, patron de la DCRI.

David Sénat est censé avoir été identifié comme étant l'informateur du Monde, par de "brèves vérifications techniques" selon les termes de la note. "J'ai écrit à la DCRI le 10 septembre pour demander quelles étaient ces vérifications techniques. J'attends la réponse", a dit Jean-Claude Marin.

Le parquet conduit depuis début août une autre enquête de police sur les fuites qui éclaboussent le ministre du Travail, Eric Woerth, pour ses liens avec Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, donatrice à l'UMP.

Le journal Le Monde a annoncé lundi son intention de porter plainte pour "violation du secret des sources". Il estime que l'enquête de la DCRI est illégale puisque ce service, dédié au contre-espionnage et à la lutte anti-terroriste, a été mis selon lui au service du gouvernement et de l'Elysée.

Le journal a mis Eric Woerth en difficulté en publiant durant l'été des procès-verbaux d'audition mettant en lumière des soupçons de trafic d'influence, notamment pour avoir appuyé la demande de Légion d'honneur de Patrice de Maistre.

"PROTECTION DES INSTITUTIONS"

La DCRI, assure-t-on de source policière, n'a pas enquêté sur les journalistes et n'a pas procédé à des écoutes téléphoniques, mais s'est seulement intéressé à David Sénat en examinant le relevé de ses communications téléphoniques.

Le directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard, nommé à ce poste après l'élection de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, a dit dans un communiqué lundi avoir décidé cette enquête pour des raisons de "protection des institutions".

Le fait qu'un fonctionnaire ne soit pas loyal et informe la presse est à ses yeux un problème qui relève de sa compétence.

Le Monde estime que cette procédure est une fraude au regard d'une loi votée cette année à l'initiative de Nicolas Sarkozy, qui stipule qu'on ne peut enquêter pour trouver les sources des journalistes, sauf "impératif prépondérant d'intérêt public".

La plainte du journal n'était pas encore déposée mardi. Le texte de 2010, s'il consacre le secret des sources, ne prévoit cependant aucune peine pour réprimer des enquêtes qui seraient illégales sur la presse, dit-on de source judiciaire.

Si une enquête est ouverte, elle semble avoir peu de chances de déboucher juridiquement sur des poursuites, sauf si étaient découvertes des méthodes frauduleuses telles que des écoutes illégales.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse