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Police-Justice

Le CV anonyme est mort

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Le CV anonyme était censé donner leurs chances aux jeunes demandeurs d'emploi issus de l'immigration. C'est tout le contraire qui s'est produit. Selon un rapport, le système handicape les candidats à l'embauche. Il vient d'être officiellement enterré.

Le curriculum vitae anonyme, en théorie obligatoire pour combattre le racisme dans le recrutement des entreprises de plus de 50 salariés, est presque abandonné après une étude qui tend à montrer son inefficacité.

Le commissaire à l'Egalité des chances Yazid Sabeg a déclaré au journal Les Echos de mercredi qu'il renonçait à en faire une obligation, comme le prévoyait pourtant une loi de 2006. Un rapport dévoilé par le Centre de recherches en économie et statistiques (Crest), publiée en avril 2011, montre qu'avec des CV nominatifs, les candidats issus de l'immigration et/ou résidant en ZUS (zone urbaine sensible) ont une chance sur dix d'obtenir un entretien, tandis que les autres candidats a une chance sur huit.

Or, lorsque les CV sont anonymes, cet écart se creuse, avec une chance sur 22 pour le premier groupe contre une chance sur six pour le second, lit-on dans cette étude. En revanche, le CV anonyme se montrerait plutôt efficace contre les discriminations en fonction du sexe et de l'âge et favoriserait donc l'embauche de femmes et de seniors, ajoute le Crest dans cette étude.

La loi qui avait rendu obligatoire en 2006 le CV anonyme dans les sociétés de plus de 50 salariés, n'a jamais reçu de décret d'application. Elle faisait suite aux violences de 2005 dans les banlieues.

Cette vague de violences avait été notamment imputée au problème de la discrimination raciale en France, cantonnant les minorités ethniques maghrébines et noires dans les quartiers pauvres et restreignant leur accès à l'emploi.

Ce constat s'appuyait sur des tests réalisés par des organisations antiracistes qui, en envoyant des CV identiques avec tantôt un nom à consonance européenne, tantôt maghrébine ou africaine, obtenaient sensiblement plus de propositions d'entretiens dans le premier cas que le second.

Plusieurs affaires judiciaires ont par ailleurs démontré l'existence de codes racistes utilisés à la demande d'employeurs par certaines agences d'intérim pour le recrutement dans les annonces, comme "BBR" (pour "bleu-blanc-rouge").